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6 mai 2014 2 06 /05 /mai /2014 06:05

REAA 5° grade Le Maître Parfait

Le 3ème grade nous confère la plénitude de la qualité de Maître maçon et constitue le socle de la première installation dans le long et difficile processus de la recherche initiatique…

Dans cette quête personnelle de recherche, d’amélioration et d’épanouissement, certains de nos frères estiment ce socle suffisant … Cette liberté, ce choix, n’est pas le nôtre, même si nous nous sommes interrogés sur la pertinence de poursuivre nos travaux au-delà du 3ème grade.

Dés lors, les travaux que nous accomplissons dans le cadre du Grand Collège des Rites au REAA sont-ils superflus ? A la base de tout progrès, on retrouve, à mon avis, comme constante de l’esprit d’humain, la recherche d’amélioration, et de perfection. En ce sens, l’introspection, la recherche d’altérité, les confrontations, les échanges permanents, constituent l’amorce des paliers successifs qui nous sont proposés dans l’approche de ce lent et infini apprentissage.Certes il s’agit là de réflexions purement symboliques, mais nécessaires comme le dit l’historien d’Art Emile MALE en affirmant que “ Le symbolisme nous montre une chose et nous incite à en voir une autre »

Mais j’en viens au sujet de cette planche et tout d’abord au cinquième grade, celui de Maître Parfait.

Les deux grades de maître secret et de maître parfait semblent indissociables. A l’origine, les quatrième et cinquième grades n’en formaient qu’un seul, qui ouvrait sur le cycle de la maçonnerie de perfection. Puis, la pratique du grade de maître parfait a précédé celle de maître secret au XVIII°. Cela n’est qu’à compter de la fin du XIX° siècle que le mode de fonctionnement fut inversé et que le grade de Maître parfait fut dissocié de celui de maître secret et ne fut plus transmis que par communication.

Le grade de maître parfait a pour thème l’inhumation d’Hiram.

La légende …raconte que lorsque le Roi Salomon fût informé que le corps d’Hiram avait été retrouvé et déposé dans la partie la plus basse du temple, il décida de conserver ses précieux restes. Il demanda alors à Adonhiram d’organiser pour son ami des funérailles en grande pompe. Il défendit d’effacer les traces de sang qui avaient été répandues dans le temple jusqu’à ce qu’on ait tiré vengeance des assassins.

Adonhiram, nommé grand architecte en chef des ouvrages, fournit le plan d’un monument de marbre blanc et noir devant être élevé à la mémoire du Maître disparu.

Ce mausolée fut érigé en neuf jours. Le cœur d’Hiram fut déposé dans une urne placée au sommet d’un obélisque triangulaire : l’urne était transpercée par une épée. Quand justice lui fut rendue, le corps d’Hiram Abif fut alors déposé sur un mausolée, recouvert par une pierre triangulaire sur laquelle étaient gravées les lettres JMB (Iod, Mem, Beth) et une branche d’acacia disposée au dessus de ces lettres, écrites en hébreu.

Trois jours après les funérailles, le roi Salomon contempla les 2 monuments et levant les bras au ciel, il s’écria : TOUT EST PARFAIT.

Le thème central … La notion de perfection qui est abordée à ce grade désigne l’état de ce qui est complètement achevé. La perfection a valeur d’exemple. Elle fut incarnée en la personne du Maître disparu.

La perfection est donc le thème central de ce grade par lequel chaque maître est invité à se surpasser sans cesse pour approcher toujours plus prés son idéal.

La symbolique … Ce grade de Maître parfait qui raconte et commémore l’enterrement de Maître Hiram, présente des éléments constants entre ses différentes versions historiques qui sont :

1- la couleur verte de la loge et des décors

2- la quadrature du cercle

3- le Saint des Saints

4- la symbolique numérique basée sur le nombre 4 et ses multiples

5- le tableau du grade qui comprend 4 ou 3 cercles concentriques à distances égales, au centre desquels se trouve une pierre carrée ou cubique, avec au centre gravée la lettre J. cette lettre J correspond à Jod, première lettre du tétragramme.

Alors que le maître secret travaille dans la pénombre et que les larmes d’argent rappellent la perte douloureuse du Maître, le maître parfait a surmonté positivement cette douleur. Toute la loge est tendue de vert, couleur qui rappelle la décomposition, la mort, mais aussi l’espérance et la germination de l’acacia.

Le Maître parfait trouve surtout la solution du problème posé par la quadrature du cercle philosophique en retrouvant le mot du Maître qui est le tétragramme sacré Iod, Hé, Vau, Hé. On apprend ainsi que l’accomplissement du Devoir est la réalisation du principe élevé qui est en chacun de nous.

Le maître parfait prend conscience de ce que la clé de la connaissance réside dans la participation directe et immédiate avec le Principe.

La quadrature du cercle au sens que lui donnaient les anciens, consiste à trouver un carré équivalent à un cercle. Ce problème de mathématique est insoluble, ce qui fut démontré au XX° siécle. Ce symbole montre que l’idéal complet de la perfection est inaccessible en ce monde. La quadrature devrait permettre, par construction géométrique avec seulement l’équerre et le compas, de rendre identiques les surfaces du cercle et du carré, en recherchant ’un carré dont la surface serait exactement égale à celle d’un cercle donné. Cette recherche ne saurait se faire sans le nombre Pi dont on sait qu’il est irrationnel, la succession de ses décimales étant indéfinie.

Bien que ou parce que mathématiquement impossible, la quadrature du cercle est entre autres pour les alchimistes et les philosophes un exercice de méditation pour symboliser le passage du terrestre au céleste. Le cercle symbolise le divin, le carré symbolise la terre. Rechercher la quadrature du cercle reviendrait ainsi à chercher les rapports entre la création et le créateur.

Le Saint des Saints fait référence à la conception du judaïsme. Il correspond à la partie la plus intérieure du Temple de Jérusalem, la plus sacrée, où se manifeste la présence divine, et où seulement peut se manifester le nom de l’Eternel. La présence d’un cadavre dans le Saint des Saints le rendrait impur ce qui est inconcevable.

La perfection, la quadrature du cercle et le Saint des Saints sont intimement reliés dans tous les rituels de Maître Parfait.

Le nombre 4 montre bien que le maître parfait est de plein pied dans la connaissance et la maîtrise de la matière qu’il doit maîtriser pour se parfaire. Quatre est le premier des nombres carrés et le premier des nombres parfaits.

Le nombre 4 marque la stabilité et la durabilité dans l’œuvre à accomplir. C’est le nombre de la Terre. Ce nombre pair représente la solidité, l'organisation et l’universalité représentée par les 4 éléments de la tradition occidentale, les 4 directions de l’espace, les 4 points cardinaux.

Les trois cercles. Ils sont l’emblème de la divinité qui n’a ni commencement, ni fin. Ces trois cercles enferment un cube. Dans la tradition architecturale, le cube est proprement la forme de la première pierre d’un édifice, la pierre fondamentale posée au niveau le plus bas sur laquelle reposera toute la structure de cet édifice et qui en assurera la stabilité. Cette pierre vive, c’est le Maître qui doit acquérir la perfection de l’art du trait, d’en trouver les principes qui permettent de retrouver l’art du grand Géomètre de l’Univers.

Dans le rituel, à la question, êtes vous maître parfait, celui-ci répond, j’ai vu le cercle et sa quadrature dans le Saint des Saints. Par cette réponse le maître parfait affirme par là la connaissance du maçon, homme de métier, dans l’art du Trait .En se référant aux écritures bibliques, il dit que l’homme fut créé à l’image de Dieu. Ceci lui confère ipso facto un rang exceptionnel au sommet de toute création. Cet état de perfection initial permet à l’être d’espérer reconquérir, malgré la chute dans la manifestation, une unité et une réalité données à l’origine. Matthieu, le seul évangéliste a utilisé le qualificatif de parfait a dit : soyez parfait comme votre père céleste est parfait.

On peut envisager que la perfection humaine en ce monde est partielle, relative, inaccomplie et approximative par rapport à la perfection du Verbe initial. Devenir réellement maître parfait peut être considéré comme une sympathique Utopie. Mais cet appel à la perfection illustre précisément notre recherche permanente en quête de savoir, de recherche et d’amélioration, de soi et de la société.

Le maître parfait est censé accéder dans le Saint des Saints où se trouve le nom de l’éternel, autant dire accéder virtuellement à l’état de perfection, puisque ce privilège n’est dévoilé qu’aux parfaits. Il atteint ainsi la perfection des secrets de la maîtrise. En plaçant le cœur d’Hiram au sommet de l’obélisque dans une urne, il est suggéré au maître parfait de séparer son cœur spirituel de son corps, de la matérialité, de gouverner ses actions, de purifier son cœur, pour tendre à l a perfection.

Les maîtres parfaits sont reconnus comme des maîtres particulièrement habiles qui se voient confier la construction du tombeau d’Hiram sous la direction d’Adonhiram.

Le Maître Parfait « sanctuarise » la douleur du Maître Secret par la construction au centre du Temple d’un mausolée de marbre noir et blanc, et dans l’angle nord-ouest d’un obélisque au sommet duquel est placé le cœur d’Hiram dans une urne. Le 5ème degré perpétue ainsi le sentiment de manque, de vide, de douleur en l’absence d’Hiram, dont les Maîtres Parfaits « doivent » faire le deuil avec Raison tout en activant et en exaltant en eux-mêmes les Sentiments et les valeurs qui les réunissent autour du Maître, comme un cercle « présent » autour d’un point central « absent » que l’œil ne perçoit plus. Dans cette nouvelle perspective, le Maître Parfait « substitue » aux rapports binaires bien/mal, positif/négatif, blanc/noir de la branche horizontale d’une croix, un lien le long de son axe vertical reliant le ciel à la terre, comme le Cœur, placé au sommet de l’obélisque, se relie à la Raison et à la terre, structurant le mausolée en noir et blanc.

Salomon peut alors venir, trois jours après les funérailles, avec sa cour pour contempler dans le Temple les deux monuments et faire le Signe d’Admiration du degré, selon les premiers rituels du Rite de Perfection du XVIIIème siècle (Claude Guérillot, La Rose Maçonnique), « en levant les yeux au ciel, les bras étendus, puis en baissant les yeux vers le sol, en croisant les bras sur le ventre », et en disant « Consommatum est », expression transformée dans le manuel actuel d’instruction du degré en « Tout est parfait ! ». Ces mots du Christ mourant sur la croix rapportés par Jean (19, 30), traduits ordinairement par « Tout est consommé », signifient également « Tout est parfait » dans le double sens de perfection et d’achèvement, d’accomplissement.

Autrement dit, tout est en place pour que « se réalise » le perfectionnement et « s’accomplisse » l’Œuvre du Maître Maçon, dans la double dimension du Travail et de l’Œuvre, l’horizontalité de l’une croisant au centre d’une croix la verticalité de l’autre. Mais cette transformation ne s’opère qu’au prix d’une « révolution » intérieure, le renversement d’un modèle de pensée où la raison régule le sentiment, par un autre modèle où la raison et le sentiment s’enrichissent et se fécondent mutuellement.

Ainsi aux deux colonnes Jakin et Boaz régulant « parallèlement » les travaux en Loges symboliques, se substituent deux autres colonnes se croisant cette fois à angle droit sur le corps du tablier du Maître Parfait.

Elles constituent une « croix de Saint-André », symbole de la mise en mouvement de la croix chrétienne autour d’un axe, sa rotation inversant « régulièrement » la place des montants supérieur et inférieur, jusqu’à figurer la croix où Saint-Pierre, le « frère » d’André, fut crucifié la tête en bas, symboles vivants « en fraternité » de la « révolution » initiée en eux-mêmes par les Maçons et les Maîtres Parfaits en particulier. Sur le tablier du degré, c’est bien au centre de cette croix de Saint-André, appelée « sautoir » en héraldique, qu’apparaît la Pierre Cubique, promesse de l’Œuvre à accomplir jusqu’à « renouveler » la parole de Jésus à Simon « Tu es Pierre et sur cette Pierre Je bâtirai mon Eglise » (Matthieu, 16,18). La Pierre centrale est la finalité d’une Œuvre qui commence par la rotation, autour d’un axe encore imprécis de ses éléments fondateurs, le Cœur et la Raison, la « convection » de leurs Forces antagonistes impliquant le Maçon en ses dimensions physique, morale, et spirituelle.

Le REAA au 5ème degré sort ainsi de l’inventaire savant des symboles de la Maçonnerie spéculative pour ouvrir aux Maçons l’ordre que leur raison elle-même a mis en place. Démarche paradoxale en apparence seulement, car elle conduit à l’essence-ciel, à ce que la Raison « suscite » par défaut dans l’immanence, et que le Cœur « ressuscite » avec excès dans la transcendance. L’Alchimiste procède pareillement lorsqu’il met en mouvement ses « matières premières » dans le « vase de nature », entre ses deux extrémités le Soleil et la Lune qui figurent à l’Orient des Loges dès les premiers degrés du REAA, soulignant par là même la concordance récurrente des symboliques maçonnique et alchimique au sein du Rite.

Les quatre éléments archétypaux : la Terre, l’Air, l’Eau et le Feu, structurant l’initiation de l’Apprenti Maçon au 1er degré du REAA, conduisent ainsi au mythe et au deuil d’Hiram au 3ème degré, fondement des degrés postérieurs et en particulier du Maître Parfait. Le mausolée est la représentation du « vase de nature » où les natures minérale et métallique subissent les assauts du Mercure (), induisant les « tourments du processus alchimique, qui est celui de la « mort réitérée »... La quadruple révolution des natures correspond à l’antique tétramérie (division en quatre parties) de l’œuvre, c’est-à-dire à la transformation des quatre éléments, de la terre au feu. Ce symbole décrit en bref l’essentiel de l’œuvre : le serpent d’Hermès. » (Jung, Mysterium conjunctionis)

C’est la phase de « dissolution » ou « nigredo » du processus alchimique où les révolutions des natures et du serpent sont symbolisées par un anneau , et par les voyages des premiers rituels d’initiation au 5ème degré : « Le Frère Inspecteur saisit la corde de soie (verte) et entraîne le candidat du Midi vers l’Occident et le fait s’agenouiller à chaque angle comme à chaque fois qu’il passe devant le Trois Fois Respectable Maître. Le Frère Inspecteur ramène ensuite le candidat devant le Tombeau et l’oblige à marcher au-dessus des extrémités des colonnes préalablement couchées de façon à former une croix de Saint-André. » (Claude Guérillot, La Rose Maçonnique) La dissolution s’opère sous l’action du dissolvant universel, encore appelé feu secret, feu aqueux, eau sèche « qui ne mouille point les mains », ou Lion vert. C’est pourquoi la Loge du Maître Parfait est tendue de vert, le sautoir est vert moiré, et le tablier blanc est bordé et doublé de vert. (manuel d’instruction)

Cette quadrature des éléments en révolutions circulaires au sein du « vase de nature » du Maître Parfait s’affirme « régulièrement » dans le Cahier du Rite de Perfection : « La batterie est de quatre coups égaux. La Loge est éclairée par seize étoiles, regroupées en quatre groupes, aux points cardinaux. Les tentures sont vertes, ornées de quatre colonnes blanches. Le tablier porte, brodé sur la bavette, le Bijou du grade, un compas ouvert à quarante-cinq degrés, et, sur le corps, quatre cercles concentriques. » (Guérillot, la Rose Maçonnique) Ce n’est qu’au centre du plus petit de ces cercles, symboles renouvelés de cette phase de l’Œuvre, que « se trouve » la Pierre Cubique marquée d’un J, son accomplissement. La « quadrature du cercle » illustre l’Œuvre « projetée » du Maître Parfait « en » sa quinte-essence et son cinquième élément, symbolisé soit par le « point » de la lettre J « émanant » de l’intérieur du cercle et de l’anneau, soit par le « corps » de la lettre J s’imprimant de l’extérieur sur le carré de la Pierre.

Ainsi les travaux des Maîtres Parfaits « tournent autour » des métaux laissés « régulièrement » à la porte du Temple par les Maçons en Loges symboliques. Ils font œuvre d’alchimie en cherchant la clé appropriée pour ouvrir la prison de leurs métaux, mais il y a quatre portes à ouvrir et une clé par porte (ML von Franz, Aurora Consurgens), et le Maître Parfait doit s’agenouiller au cours de ses voyages en direction de chaque angle du Temple, symbolisant chacun la « maîtresse pierre du coin » ou de l’angle (Fulcanelli, Le Mystère des Cathédrales), la pierre angulaire qui doit lui révéler une partie de la nature du dissolvant. Bien que cette partie du dissolvant relevant de la quadrature s’apparente à la part impure de la matière, l’Alchimiste « ne sépare rien de la matière, ne divise ni n’écarte les parties pures des impures, ainsi que disent tous les Philosophes, mais convertit tout le sujet en pureté. » (Pontanus, Epitre du Feu Philosophique)

Il faut toute la Force morale des « Philosophes » pour main-tenir ensemble ces principes antagonistes : blanc et noir, bien et mal, quintessence et venin, cercle et carré, et réaliser par la quadrature du cercle la « materia prima », matière originelle de l’Œuvre dont « les » vertus seront sublimées par « la » vertu du Maître Parfait.

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