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5 avril 2013 5 05 /04 /avril /2013 05:52

Vénérable Maître, vous tous mes frères, en vos rangs, grades et qualités

Que le silence est confortable quand l’inconnu nous entoure. Si le Sage est celui qui se tait, quelle sagesse dans celui qui ne sait ? je préfère comprendre qu’apprendre mais la tache est elle réalisable ? Alors je me souviens de cette phrase « je doute donc je pense ; je pense donc je suis ».

En réfléchissant au sujet particulier de ma planche, j’ai eu envie de dessiner une modélisation de ce que j’ai pu voir ou entendre dans l’atelier.

A ce stade de mon apprentissage ma proposition est la suivante :

 La Loge, la lumière, les couleurs, l’odeur suave, le goût amer , la composition, les formes, les dimensions, les symboles, les mots, les signes

Je vis le rituel essentiellement par les mots (le son, le rythme, la rime, la répétition, le sens). La tradition orale était très importante avant les manuscrits, l’imprimerie et l’édition et si l’on admet que la transmission se fait par la parole et les écrits, elle se fait aussi par la gestuelle.

Atavisme ou mimétisme, les attitudes sautent parfois les générations et nous relient à nos aïeuls alors que  nous ne les avons jamais connu et fréquenté. Au-delà du code génétique que nous propageons il y a une tradition familiale, clanique ou castique qui résonne et ondule le long des générations.

Gestes et attitudes font partie d’un langage codé voire d’un code lui-même. Il peut s’agir d’un signe d’appartenance, un signe de reconnaissance conscient et affirmé. Nous le reproduisons suivant une modalité répétitive mais surtout perpétuelle. L’Ordre statique de la Loge et sa mise en mouvement révèle un sens certainement,  mais, par sa régénération, l’action de la loge est dans une continuité qui nous met en résonance, en écho, avec nos frères depuis des siècles. Il y aurait une sorte d’empilement, de calque, de superposition dans la reproduction modélisée de la Loge.  Ainsi, la gestuelle participe à perpétrer le mouvement collectif dont le seul témoin serait peut être la lumière éternelle du Naos.

 Le langage du geste

Isis et Hathor devant Osiris élèvent les bras à l'horizontale et présentent les paumes des mains ; de même parmi les cinq Boud­dha de méditation, l'un d'eux porte un bras en avant et présente la paume de la main. Ce signe, que les Occidentaux dénomment, signe d'adoration, ou signe d'admiration et que les Bouddhistes dénomment "absence de crainte", par sa répétition, prend la valeur de symbole.

Comme les mots, les gestes nous relient à une période anté­rieure à la tradition écrite, celle où l'on "ne gravait ni burinait". L'enseignement se transmettait par des mots et des gestes de caractères éphémères, sans recours à des objets et des images de caractère permanent.

Tandis que le mode verbal est basé sur le pouvoir du verbe, le mode gestuel est basé sur l'effet de magie". Nous utilisons le terme de magie dans le sens que lui donne Mircéa Eliade dans "Images et symboles" (12, p. 150), à savoir : "rien n'est séparé de rien" ou "tout est lié à tout" par une texture invisible.

On peut situer le problème dans un autre contexte. Si à tel sentiment éprouvé correspond un geste instinctif, la répétition du geste peut réveiller le même sentiment. Ici aussi apparaissent des relations invisibles entre le conscient et l'inconscient. Les écoles initiatiques ont repéré quelques gestes-clefs qui sont en relation avec la vie profonde de la psyché. La réitération de tels gestes fait dès lors partie de la technique initiatique.

 Les signes maçonniques faits avec les bras et les mains se réfè­rent à des points repères du corps humain. On comprend mieux la portée de tels signes en évoquant les chakra de la tradition hin­doue.

 

CHAKRAS

 « L'homme possède des centres de force qui sont les nadis. Ces nadis appartiennent au corps astral. Le prôna est le lien vital qui unit le corps physique et le corps astral. Le prâna circule dans des « tubes » qui sont les nadis. Il y a trois principaux nadis : Sushumnâ, Idâ et Pingâlâ. La sushumnâ est située à l'intérieur de la moelle épinière. Idâ et Pingâlâ montent de chaque côté, dans un mouvement serpentant et passent à droite et à gauche de la sushumnâ. C'est dans sushumnâ que passe le kundalini, la force magique.

D'après le « tao », le Ki est la force fondamentale de toute vie matérielle ; elle circule à l'intérieur et le long du corps en empruntant des chemins précis, nommés « méridiens ».  L’idée est de démontré également que  l'homme est lié à toutes les autres manifestations de l'univers ;

La transmission de l'influx le long d'un trajet nerveux produit divers phénomènes Ce flux peut être aussi modifié par des gestes précis qui éveillent ou modifient les grandes forces universelles endor­mies.

Il existe certains points nommés les « chakras » (ou roues) comme étant des générateurs prâniques.

Leadbeater énumère sept chakras : 1, le chakra-racine, à la base de la colonne vertébrale ; 2, le chakra de la rate ; 3, le chakra ombilical ; 4, le chakra du coeur ; 5, le chakra de la gorge ; 6, le chakra du front ; 7, le chakra du sommet de la tête.

La mise à l'ordre au degré d'Apprenti correspond au Chakra  situé au niveau de la gorge. C'est un signe statique. Par opposition, la marche en trois pas de l'Apprenti est un exemple de la mise en oeuvre d'une dynamique de la symbolique gestuelle.

« Le texte tantrique, dit Marqués-Rivière,  précise que ce chakra est la porte de la grande libération pour celui dont les sens sont purs et contrôlés. Cette libération est obtenue par l'éveil de ce centre qui permet de voir « les trois formes du temps », c'est-à-dire le passé, le présent et l'avenir ; ce texte symbolise la réali­sation de l'être au delà du temps, dans la manifestation informelle dont ce chakra est, en quelque sorte, la porte d'entrée. »

Le geste, la position et la posture sont des stimuli qui renvoient donc à des dimensions invisibles. Nous pouvons maintenant aborder le signe d’apprenti dans son détail.

 

Le Signe d'Apprenti

Le Signe d'Apprenti comprend deux gestes distincts : le signe d'ordre et le signe proprement dit.

-        Se « mettre à l'ordre », c'est placer la main droite à plat sous la gorge, les quatre doigts serrés et le pouce écarté formant l'Équerre. La main gauche reste pendante.

-       « Faire le signe », c'est redresser la main perpendiculairement à la gorge, la ramener à l'épaule droite et la faire retomber le long du flanc droit.

Ce signe porte généralement le nom de « guttural ». On l'inter­prète d'une façon tout exotérique en lui attribuant cette signifi­cation :

" Je préférerais avoir la gorge coupée, plutôt que de révéler les secrets qui m'ont été confiés. »

Wirth nous dit, dans Le Livre de l'Apprenti, p. 148 : « La main droite, placée en Équerre sous la gorge, paraît contenir le bouillonnement des passions qui s'agitent dans la poitrine et préserver ainsi la tête de toute exaltation fébrile, susceptible de compromettre notre lucidité d'esprit. Le signe d'Apprenti signifie à ce point de vue : " Je suis en possession de moi-même et je m'attache à juger de tout avec impartialité. »

« Il convient de se rappeler, écrit Plantagenet, que, suivant les correspondances du zodiaque physiologique des anciens initiés, nous trouvons la gorge régie par le signe du Taureau, symbole complexe de l'impulsivité passionnelle susceptible, non d'être domptée, mais d'être détournée de ses fins bestiales et transmutée, sous l'influence des forces psychiques supérieures de l'individu, en fermeté, amour du travail, persévérance dans le bien. Dès lors la haute signification du signe apparaît fort claire : au moment de pénétrer dans le Temple, le Maçon affirme par son geste qu'il a isolé sa pensée des influences extérieures, qu'il n'est plus aucun des troubles sentiments « d'en bas » qui pourra « lui monter au Cerveau »; il a l'esprit lucide, l'âme dégagée et c'est sans hésitation, franchement, qu'il va gagner sa place en « marchant » comme le doit un Apprenti silencieux ».

Il est exact que le Maçon, en accomplissant ce geste, se couvre de l'Équerre

Du latin exquadra et exquadrare, équarrir, l'Équerre se rapporte à la « Matière » qu'elle symbolise, qu'elle rec­tifie et qu'elle ordonne. Maât, déesse égyptienne qui préside avec Isis et Thôt aux initiations, porte l'équerre, nommée angle d'équité par Pythagore

L'Équerre représente un signe de rectitude et instrument indis­pensable pour transformer la Pierre brute en un hexaèdre parfait (Pierre cubique). Les Maçons, convenablement formés, seront ensuite aptes à. participer à l'édification du Temple idéal dont ils seront peut-être eux-mêmes les pierres parfaites.

L’idée est que la recherche spirituelle doit être parfaitement ordonnée.

 D’autre part, suivant les catéchismes rituels, le Maçon vient en Loge « pour vaincre ses passions, soumettre sa volonté, et faire de nouveaux progrès en Maçonnerie ». Le geste est le signe extérieur de cet acte induit de la volonté.

Chaque fois qu'un Frère prend la parole en Loge, il doit se « mettre à l'ordre ». Nul n'est exempté de cette obligation. Indépen­damment de la valeur réelle du signe, il faut remarquer que ce geste, si simple en apparence, empêche tout autre geste et par suite toute véhémence. Combien d'orateurs — profanes — parlent plus encore peut-être avec leurs mains qu'avec leur voix !

Il faut aussi se souvenir que l'Apprenti, durant son stage à ce degré, doit être « silencieux », et son signe, appuyant sur la gorge, indique son mutisme non pas par incapacité de parole, mais par sa propre volonté.

 

Le geste en tant qu’éveil de force, reliant l’un au tout et le geste symbole de rectification et d’équité ne s’isole pas de l’orchestration de la Loge dans son harmonie.

 

HARMONIE et NOMBRE D’OR

Il y a une dimension d’esthétique dans la construction du rituel, une véritable harmonie, une tonalité unique.

 

Rythme et son s'associent à la valeur du nombre et ces cor­respondances de la science traditionnelle ont bien été vues par les anciens.

La construction du temple reste un concept d'harmonie ; c'est « un accord de proportions entre les parties de l'ensemble et entre chaque partie et l'ensemble », une commodulation. Pla­ton reprend ici cette notion introduite par Pythagore. Vitruve établit un parallélisme entre les proportions du temple idéal et celles du corps humain.

Pythagore, en inventant le mot « Cosmos » pense en un univers bien ordonné par les nombres, c'est-à-dire harmonieusement créé et ordonné par le créateur. Ainsi le temple sera à l'image du cosmos ; il doit y avoir accord entre l'univers, le temple et le corps humain.  Philolas, disciple de Pythagore, définit l'harmonie comme l'uni­fication du divers avec la mise en concordance du discordant, la participation de la proposition de la Table d'Émeraude (« ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, pour l'accomplissement de la chose unique ») avec l'idée de la puissance du verbe divin créant l'ordre dans le chaos, l'équilibre naturel entre l'ensemble et ses éléments ; il emploie bien entendu la décade, le nombre parfait de Pythagore, le canon divin qui avait ordonné les rapports de concor­dance entre les choses du ciel et celles de la terre.

 

 Cette notion d’harmonie, étroitement lié au nombre et à la proportion (décade pour les uns et nombre d’Or pour les autres) me permet d’établir un parallèle avec le Signe d’Ordre. Car  comme les astres dans l’univers, les frères de la Loge sont ordonnés avec harmonie dans la Loge. Le chef d’orchestre donnant le « la »  mettant au diapason l’homme avec lui-même, l’homme avec les hommes et l’homme avec l’Univers.

 

                                                                           J’ai dit, VM :.

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