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21 janvier 2015 3 21 /01 /janvier /2015 22:02

Rappel de l’histoire et du mythe

Pour Freud, le complexe Œdipien est la représentation inconsciente par laquelle s'exprime le désir sexuel de l'enfant pour le parent du sexe opposé et son hostilité pour le parent du même sexe. Mais il apparaît que les adultes projettent leurs propres sentiments refoulés sur les enfants, ce que fait Freud en l'occurrence avec le complexe Œdipien. En fait, le désir "sexuel" qu'il attribue à l'enfant est une projection de l'attitude perverse que ses propres parents avaient envers lui.

Dans la mythologie grecque, Œdipe était le fils de Laïos et Jocaste. Pour échapper à la prédiction d'Apollon, qui prétendait qu'il serait tué par son propre fils, Laïos ordonna à un serviteur d'abandonner l'enfant sur le Mont Cithéron, avec ses deux pieds cloués. Mais au lieu de cela, le serviteur le confia à un berger, qui plus tard le donna à Polybe, roi de Corinthe, et à sa femme Mérope qui n’avait pas de descendance. Ils l'appelèrent Œdipe - Oidipos signifiant pieds enflés - et l'élevèrent comme leur fils.

Le mythe commence par un infanticide, le père faisant tuer son enfant en l'exposant pour qu'il soit dévoré par les bêtes sauvages, ce qui était un supplice courant dans l'Antiquité. Il est probable que le serviteur ait en réalité obéi à son maître et cloué les pieds de l'enfant, car sans cela ses parents adoptifs ne lui auraient pas donné le nom de pieds enflés. Vraisemblablement, un berger aura trouvé l'enfant agonisant et l'aura délivré par compassion. Il est donc hautement significatif que le mythe d'Œdipe ait été popularisé comme l'histoire d'un fils qui tue son père, alors que les faits montrent exactement le contraire.

Le meurtre rituel du fils: une vérité intouchable.

Au cœur de la quête d'Œdipe, nous trouvons sa détermination à découvrir la vérité sur ses origines. Sa mère adoptive Mérope et la prêtresse de Delphes ont toutes deux conservé ce secret bien gardé, obligeant le fils à endosser le poids de leur silence. En effet, si Mérope avait informé son fils qu'il était un enfant trouvé, les choses se seraient vraisemblablement déroulées autrement. Mais l'interdit dépassait largement le seul fait de faire connaître une ascendance cachée: ce qui devait rester secret, c'était le meurtre rituel du fils par le père.

Voyons maintenant comment Œdipe s'y prit inconsciemment pour révéler l'intouchable vérité. Son voyage à Delphes, qu'il entreprit seul, avait pour but de lui permettre d'entendre l'oracle d'Apollon, le dieu de la Lumière et de la Vérité. Son parcours le conduisit proche du Mont Cithéron, où il fut exposé et faillit perdre la vie lorsqu'il était enfant. Selon la légende, il fallait un pas assuré et une tête solide pour marcher sur l'étroit sentier rocailleux qui serpentait entre la montagne et la mer, car "les vents s'élancent en hurlant du haut des collines comme les Furies en courroux, précipitant du haut des falaises surplombantes, dans le gouffre béant qui bouillonne au-dessous, tout ce qui s'oppose à leur passage. Sans aucun doute, cet environnement particulier fit écho à la terreur qu'il avait ressentie face à la fureur de son père et dans sa lutte éperdue pour la vie dans la nature sauvage, avec ses pieds cloués. Plus tard, lorsque la prêtresse prononça la malédiction fatale, celle-ci résonna comme la sentence de mort énoncée par son père. Nous lisons qu'Œdipe fut pris de vertige, ce qui confirme la ré-émergence du traumatisme précoce. En sortant du temple, il revécut la dissociation des émotions générée par l'acte brutal, raison pour laquelle il lui sembla que son cœur devenait pierre. Finalement, il poussa un cri déchirant et plongea dans la remise en acte de sa lutte précoce pour sauver sa vie.

Remarquons combien la réalité présente est incorporée par le processus de dévoilement: les pèlerins sont des ombres, le chemin est un étroit défilé, les monts alentours sont sourcilleux et menaçants. Œdipe est rempli d'une terreur sauvage et irraisonnée, mais poursuit sans rien voir comme une bête traquée. Nous comprenons que ce lieu néfaste représente en réalité la remise en acte de ce qui se produisit des années auparavant sur le Mont Cithéron, dans des circonstances qui furent gravées dans sa mémoire en traits ineffaçables.

Le règne du fils.

Le mythe délivre un message qui n'a à ma connaissance jamais été bien compris auparavant. Au carrefour, le vieil homme qui se trouve devant Œdipe n'est autre que Laïos, son bourreau, entouré de ses hommes de main. Le fils est maintenant un guerrier porté par l'incroyable énergie de sa rage si longtemps réprimée. Il peut revivre l'extrême violence qui lui fut infligée de longues années auparavant par ces mêmes protagonistes et résoudre enfin l'origine même de sa névrose. Lorsque son père lève sa main, il se soustrait à l'inexorable mort en assommant celui-ci et en tuant ses gardes du corps. Faisant cela, il révèle la brutale cruauté de l'ordre patriarcal incarné par le père.

Il n'est pas surprenant que Freud n'ait jamais prêté attention à l'homicide commis par Laïos sur Œdipe, son fils. Fondateur de la psychanalyse, il est lui-même l'incarnation d'une figure paternelle. Mais aucun de ses disciples n'a réalisé que ce crime était à l'origine de la névrose d'Œdipe. Cette évidence apparaît si l'on considère ce qui se passa immédiatement après la mise en acte du traumatisme subi par Œdipe: délivré de la terreur qui enfermait son esprit, il surpasse facilement le Sphinx et devient un roi juste et sage.

Lorsqu'Œdipe quitta Delphes, poursuit la légende, il jura de ne jamais retourner à Corinthe par peur de voir se réaliser la malédiction d'Apollon et prit la direction de Thèbes. Il trouva les habitants dans une profonde détresse. Non seulement leur roi Laïos venait d'être tué par des brigands, pensait-on, mais la ville était ravagée par un terrible monstre. Chaque jour, le Sphinx dévorait l'un d'entre eux parce que personne ne parvenait à résoudre l'énigme qu'il imposait. A ce moment précis, Œdipe et le peuple de Thèbes sont sur le point de rejouer ensemble leurs fantasmes respectifs dans une relation leader-groupe. Voyons donc ce que ces protagonistes ont à l'esprit.

Psychogenèse d'un leader.

Après avoir reçu la malédiction, Œdipe s'était juré en lui-même: "Mourir serait coupable, s'il se trouve, fût-ce aux extrémités de la terre, quelqu'un qui ait besoin du bras d'un homme fort et de l'intelligence d'un homme sage. Jamais plus je ne reverrai Corinthe, la très fameuse, et ma demeure sur les rives de la mer sonore, car si je retournais auprès des miens, je ne serais pour eux qu'un fléau. Je m'en irai donc dans de lointains pays, et j'apporterai quelque bénédiction à ceux qui ne sont pas de mon sang.

Pour saisir l'espoir que l’on dépose en lui, citons l'extrait suivant: "Tous l'accompagnent de leurs prières et de leurs bénédictions jusqu'à la porte de la ville. Ils le quittent là, car celui qui a dessein d'affronter le Sphinx doit s'en aller seul à sa rencontre et nul ne saurait lui venir en aide. …

Et quid du MS … Le MS ouvre la suite des degrés de Perfection en posant un ensemble de préalables nécessaires à leur compréhension, et même à celle du Rite Ecossais Ancien et Accepté dans son ensemble. Ce qui peut expliquer son apparition au XVIIIème siècle postérieure aux autres degrés. Il prépare les Maîtres à saisir le sens du mythe d’Hiram et de l’univers qu’il sous-tend par une série de pistes de réflexions et d’idées, qui sont autant de chemins d’accès à la Connaissance et de clés d’éveil de la Conscience.

Le MS travaille « dans le Temple du Roi Salomon, devant le Saint des Saints » et perçoit à l’Orient, tracés en noir sur fond blanc « un grand cercle dans lequel est placé le Triangle sacré, pointe en haut, portant en son centre l’Etoile flamboyante ». L’étoile ne s’attache pas au cercle du Maître et rayonne en son sein de sa propre lumière, se détache des tracés réfléchis du cercle et du triangle et se perçoit tel un bijou chatoyant dans son écrin. Elle ne porte pas le G en son centre comme au grade de Compagnon, mais n’est-ce pas pour en susciter l’idée, pour transmettre sous la forme voilée des questionnements et des injonctions du grade l’idée de Vérité, et re-susciter en mémoire la trace d’une Parole perdue, jusqu’à faire pressentir l’essentiel indicible (pré-sentir l’essence-ciel indice-cible) qui les sous-tend ?

Aux trois premiers degrés la Bible est ouverte au Prologue de l’Evangile de Saint-Jean « Au commencement était le Verbe … ». Elle est ouverte en degrés de Perfection au Premier Livre des Rois où est relatée la construction du Temple de Salomon. A la vision linéaire de l’évolution et du travail intérieur se substitue la perception transversale d’un chantier symbolisé par la construction du Temple et la poursuite de l’œuvre d’Hiram. Mais en nous substituant à lui, ne sommes-nous pas prédestinés à rencontrer les mêmes obstacles que lui ? Les degrés du Rite de Perfection mettent les points sur les « i » de la réalité des épreuves à surmonter. Ce « i » de l’alphabet latin s’apparente à l’homme debout les pieds à l’équerre et la tête dans les étoiles, à la lettre « vav » de l’alphabet hébraïque, de valeur numérique 6 et dont l’image représente un clou, une cheville de charpentier, surmontée par le « yod », de valeur numérique 10 réduite à 1 au degré de MS, et n’est pas sans rappeler la batterie par 6 et 1 du grade que nous retrouverons à la fin de ce travail.

A l’expression symbolique du temps de travail « De midi à minuit » comportant un commencement et une fin définis, reconnus comme tels, le MS substitue un temps de présence et d’absence latentes. Au début des travaux « l’éclat du jour a chassé les ténèbres et la grande Lumière commence à paraître », à leur clôture « nous sommes à la fin du jour ». La lumière à travers sa nature et sa propagation symbolise le travail intérieur du Maçon en réflexion. En optique, lorsque les ondes lumineuses rencontrent un obstacle ou rentrent dans un autre milieu, chaque point de la surface de séparation devient le point de départ de deux nouveaux trains d’ondes. Celui qui est réfléchi reste dans le premier milieu et celui qui est réfracté pénètre dans le second milieu et se propage perpendiculairement à ce front d’ondes, en traçant une Equerre, semblable à l’équerre d’argent du voile noir transparent porté par le MS lors de son initiation. Il est pour une part éclairé par cette lumière en diffraction qui résulte de ses « réflexions », tendant vers la Connaissance, et par la grande Lumière qu’il reçoit et diffracte en lui. Il passe de l’Equerre au Compas, sous le Laurier et l’Olivier qui témoignent de l’ouverture de son Compas et de ses prises de Conscience, à mesure qu’il reçoit son salaire et que la paix s’empare de lui.

Le MS n’est plus dans le binaire conflictuel des premiers degrés, mais dans les fondations d’un espace en lui-même qui doit se substituer au champ clos des conflits intérieurs interminables. Il doit en sortir pour être plus en paix, pour être « en mesure » d’entendre parler son cœur, dans le Secret et le silence, car les nobles pensées viennent du cœur. Il doit pour cela consolider ses idées, en les éclairant sous le prisme des symboles et de l’analogie « Vous ne prendrez pas les mots pour des idées et vous vous efforcerez toujours de découvrir l’idée sous le symbole ». Il doit par ailleurs les intégrer et les animer de sa propre vie pour en faire des symboles vivants comme la Clé d’ivoire. Le silence du MS, qui n’est plus réglementaire mais s’impose de lui-même, devient l’espace médiateur d’une voix intérieure que seul son cœur sait entendre et reconnaître.

Par contraste avec le silence, les injonctions du grade ré-ordonnancent le MS et le re-constituent en respectant la devise Ordo Ab Chao, qui signifie « l’ordre le chaos », et non pas « l’ordre dans le chaos », et il peut choisir justement de mettre en valeur cette part d’ordre qui s’affirme dans le chaos. Après les degrés symboliques où le questionnement est étalé sur plusieurs étapes dans une même continuité, les degrés de perfection étagent les questions sur plusieurs niveaux entre lesquels va et vient le MS, et mettent en perspective ses attentes et ses idées. D’un côté, l’être qui se recentre sur lui-même : « vous déciderez par vous-même de vos opinions et de vos actions ». De l’autre, au bout de cette perspective « les hautes régions de la Connaissance spirituelle » vers lesquelles il se hâte « de peur que la mort le surprenne avant d’avoir approché le sommet ».

Le MS se remet en cause et se renouvelle de manière rationnelle et irrationnelle Dans l’irrationnel en parlant de fatalité, de nécessité, de destinée, de malheur, en alliant la détermination et l’avertissement « Le Devoir est la grande Loi de la Franc-Maçonnerie, inflexible comme la Fatalité, exigeant comme la Nécessité, impératif comme la Destinée » « Malheur à ceux qui aspirent à ce dont ils sont indignes » « Malheur à ceux qui veulent assumer une charge qu’ils ne peuvent pas porter » « Malheur à ceux qui acceptent légèrement des devoirs et qui, ensuite, les négligent ». Il reste rationnel également dans l’appréhension du monde. Mais il s’agit moins d’être logique que de garder le sens des proportions et de la mesure, de développer un regard attentif et mesuré, même quand il perçoit par éclairs la Vérité qu’il pressent « Quelque admiration que vous inspire le spectacle de l’Univers, du macrocosme au microcosme, souvenez-vous que vous ne l’admirez qu’en proportion de votre faiblesse, en présence de son immensité » « la Vérité est une lumière que l’homme perçoit plus ou moins confusément. Elle peut pourtant se révéler dans tout son éclat à celui qui veut ouvrir les yeux et regarder ».

Le questionnement du MS est semblable au laser qui dessine sur l’écran de sa conscience le champ limité de ses connaissances, et prend conscience de l’espace en trois dimensions qui les contient. La Raison structure point par point de l’intérieur ce volume perçu également de l’extérieur, cette fois en faisant appel à sa sensibilIté. Le MS est en deuil et souffre de la perte irréparable de Maître Hiram. Ses larmes absorbent plus la lumière qu’elles ne la reflètent, comme les larmes d’argent sur les écussons. Il est en manque de tout ce que symbolise et vitalise Hiram Abi, et il est déjà à la tâche pour combler ce vide. C’est cet espace noir du deuil qu’il re-construit et re-structure en devenant plus responsable, plus « conséquent », et en se remettant « en cause » personnellement.

Chaque mot, chaque idée manifeste un engagement, et peut devenir signe, unité de mesure, et même signe de signe, mesure de mesure, unité de tout, Unité du Tout. Le MS doit interroger les idées qui émanent de lui comme celles qu’il reçoit pour savoir s’il doit ou non les prendre en compte « vous n’accepterez aucune idée que vous ne compreniez et ne jugiez vraie ». Ce qui l’amène à devenir Passeur et Gardien de l’idée de Vérité. Le Passeur agit plus en connaissance de cause, recherche la cause des causes, relie les idées entre elles pour que passe et circule à travers elles l’idée de Vérité jusqu’à toucher son cœur. Le Gardien veille à la préserver justement des contre-vérités dissimulées dans les mots à contre-emploi qu’il descelle dans les flots de paroles, pour ne laisser passer, desceller (dé-sceller) que les mots justes. Ainsi lors de l’initiation au grade, le Trois Fois Puissant Maître, remplissant ces deux fonctions, « descend de son trône, le sceptre (sceau du secret) sur les lèvres, place sa main droite sur le cœur des récipiendaires et leur appuie le Sceptre sur les lèvres ».

Il ravive par là-même le besoin inné de Connaissance qui habite le MS et le relance dans sa quête de la Parole Perdue, de ce qui s’exprime en lui-même comme en chacun, de soi-même, en soi-même, pour soi-même. De soi-même car le désir se nourrît de lui-même comme l’Amour de l’Amour. En soi-même car il exprime l’Etre de désir. Pour soi-même car il doit s’accomplir comme se constitue le Delta reliant l’immanence à la transcendance, la balustrade à la resplendeur du Z figurant sur la clé du MS, qui sépare et relie dans le Temple du Roi Salomon le Saint du Saint des Saints. Il ravive en lui-même ce « secret qui aspire à être dévoilé » « le moyen d’exprimer sous une forme qui peut être retrouvée une vérité qui nous dépasse » et constitue « une quête de Dieu puisque Dieu, inconnaissable en Sa nature, est tout à la fois le Tout Autre transcendant, et le Tout Proche immanent.

Dans une société donnée, le devoir apparaît comme un ensemble d'obligations morales et sociales, voire légales, auxquelles se soumettent ses membres. La loi est une prescription établie par l'autorité souveraine applicable à tous, et définissant les droits et devoirs de chacun. La définition de ces deux notions fait apparaître un lien irréfragable entre la loi et le devoir. La loi a cependant un caractère plus général, dans la mesure où elle définit non seulement des devoirs mais aussi des droits, qui apparaissent ainsi indissolublement liés comme les deux faces d'une même médaille. Le grand débat consiste à savoir si l’un découle de l'autre ou vice versa : de la réponse à la question dépend un choix politique de société.

Le devoir n'est pas qu'une notion intellectuelle mais aussi une réalité sociologique. C'est en premier lieu un terme d'échanges, matériels ou contractuels : c'est ce qu'il faut donner en contrepartie de ce que l'on a reçu ; nous devenons ainsi des charpentiers de l'univers … modèle de l’ouvrier en tant que grand architecte qui se construit en lui-même, satisfait de l'approbation de sa seule conscience.

La franc-maçonnerie proclame comme principe « un maçon libre dans une loge libre ». La « liberté » fait partie de sa devise, la « liberté absolue de conscience » est l'un de ses principes. Une analyse approfondie montre que la franc-maçonnerie est une école du devoir.

En franc-maçonnerie, le mot devoir n'est pas un élément symbolique isolé, mais un élément très riche de la composition symbolique contractée lors de l'initiation de l'impétrant, composition harmonique incluse dans le rituel et qui reste à déchiffrer.

Dès son introduction dans le cabinet de réflexion, le profane médite sur les devoirs de l'homme envers lui-même, sa famille, sa patrie, l'humanité. Première épreuve, l'épreuve de la Terre, accompagné de la sentence « VITRIOL », lui enseigne que le premier devoir est de descendre au plus profond de lui-même pour parvenir à la connaissance, la pierre cachée. Purifiée par la terre, il devra dominer ses passions pour trouver la vérité enfouie au plus profond de sa personnalité.

L'initiation est plus qu'une cérémonie symbolique : il est demandé au profane adhésion, engagement, obligation du secret, devoir de solidarité, nécessité du travail et du perfectionnement par la connaissance et l'exercice des vertus. L'accomplissement du devoir fait partie intégrante du travail initiatique maçonnique.

Dès le premier degré, l'apprenti a comme premier devoir de méditer les enseignements du rituel afin d’y conformer sa conduite.

Ensuite le compagnon a le devoir de connaître le monde et de se connaître dans un monde où il ne sait même pas ce qu'il est venu faire. Son devoir est de surpasser les autres hommes par le développement de ses qualités tout en se mettant au service des causes liées au salut du genre humain.

Puis en tant que maître, il a le devoir de faire rayonner sa conscience relative, de respecter l'homme et son organisation sociale, familiale et maçonnique. Le maître exerce sa méthode maçonnique dans la vie quotidienne pour tenter de construire un monde plus heureux, plus droit, plus d’équerre.

Au grade de Maître secret, la phrase complète du manuel au est « nous avons l’obligation de suivre imperturbablement la route du Devoir, tout en sachant qu’il est parfois plus facile de faire son Devoir que de le « Connaître », sur laquelle nombre de F. : se sont affairés à plancher.

« Le maître secret doit être prêt à accomplir son Devoir parce qu’il est le Devoir… »

« Le Devoir est la grande loi de la FM, inflexible comme la Fatalité, exigeant comme la Nécessité, impératif comme la destinée…. »

L'approfondissement de la notion de devoir, à chaque stade de la vie maçonnique est l'essence même de la recherche de la vérité. La récompense ne se trouve pas dans un quelconque résultat espéré mais dans la démarche, c'est-à-dire la découverte d'un sens à l'existence.

La loge de perfection est donc un creuset de devoirs initiants. Le Grand maître Architecte peut en éprouver le poids, mais aussi en prendre la bonne mesure. C’est la rigueur du devoir qui lui ouvrira la conquête de sa liberté intérieure. Le cheminement rituel depuis le premier degré, tel que décrit précédemment, nous a montré que chacun a été confronté à des thèmes lourds de sens et d’interrogation. Au douzième degré, nous sommes à un stade de découverte en soi de ce qui est esprit, en tuant l’ego, la voie du devoir dépassant les contraintes en s’ouvrant à l’autre.

Le meurtre d’Hiram est loin de représenter un achèvement, comme la Maçonnerie bleue pourrait laisser le supposer. A l’image du meurtre du père de Freud, le meurtre d’Hiram est une libération et un passage à l’âge adulte pour l’initié et pour le groupe, identique à la nécessité pour l’homme de grandir, de devenir adulte en franchissant ce cap. Hiram renaît dans le nouveau Maître, et restera modèle et loi .Mais comme au moment du meurtre le temple est loin d’être achevé, l’étage le plus élevé, celui de la spiritualité reste à bâtir.

Dans cette situation l’alternative pour le Franc maçon est d’abandonner les travaux et se contenter des trois premiers degrés, ou de continuer et il faudra bien remplacer Hiram, et selon le plan prévu.

L’après Hiram est donc une prise de conscience. Conscience qu’une autre époque commence, conscience de la responsabilité de l’individu de sa propre construction. C’est aussi la conscience qu’il a fallu trouver les responsables du meurtre pour que les travaux continuent sans risque de voire réitérer le forfait.

J’ai le sentiment que Faire son devoir et le connaître vont souvent ensemble, et cette affirmation ouvre donc la porte de la conscience. Les deux tâches ne sont en aucun cas faciles. La conscience réunit tout : l'inconscient, le subconscient et le conscient.

Au fond de chaque homme, quelle que soit son origine, son ethnie, son âge, sa religion se trouve sa conscience qui lui indique ou se trouve le bien et le mal, la justice et l’injustice. Le devoir va dès lors consister à agir en conformité avec cette conscience, sans attendre de cette action une récompense ni craindre une sanction. Il s’agit de faire ce qui doit être fait parce qu’il s’agit d’une exigence de cette partie intime de nous-mêmes. Ainsi la se situe le beau, le bon, le vrai, donc peut être la Vérité. En accomplissant ses devoirs le Grand Maître Architecte harmonise sa vie de manière que les évènements ne s’opposent pas au développement de son être.

C'est dans la conscience que le monde nous apparaît. C’est par la conscience que le sentiment est connu, que les choses sont décrites et pensées, que l’image est imaginée ou que le jugement est prononcé. Nous connaissons tout par la conscience. Nous passons certes notre vie dans la conscience, mais sans la connaître et sans nous connaître. C’est d’ailleurs pourquoi le monde de l'extériorité paraît toujours plus clair que celui de l’intériorité.

La conscience peut être accolée à la notion de morale ou d’éthique. Avoir conscience c’est savoir que l’on existe : Je pense, donc je suis, pour se référer à la pensée Cartésienne.Si la conscience est liberté, elle n'est jamais un personnage, un dehors, un paraître. La prise de conscience de soi favorise un éveil. Si je me suis comporté comme un imbécile, si j'ai été violent et que j'en prends conscience, je ne suis plus tout à fait un imbécile ou un violent au sens habituel, je commence à me voir tel que je suis.

Peut-on élever collectivement le niveau de conscience de l’Homme ? Religions, philosophies, politiques de tous acabits ont essayé. L’élévation du niveau de conscience est une quête solitaire et comme toute recherche visant à la découverte, elle passe par le travail et ses devoirs. Il y a parmi les possibilités permettant à l’Homme d’élever son niveau de conscience un grand nombre de solutions, et parmi celles-ci, la pratique du REAA.

Toutefois la conscience nous oblige à considérer avec attention la nature de la vigilance quotidienne et le travail de l'intentionnalité. Qu'est-ce qu'être vigilant? C'est faire attention à. C'est être conscient du monde qui m'environne. C'est rester sur le qui-vive. N’est ce pas le devoir du F\ M\ : de porter à l’extérieur du Temple ce qu’il a eu conscience de venir y chercher ?

L’être humain peut être tiraillé dans son quotidien par ce que lui dicte son devoir et ce que lui dicte sa conscience.

Le maçon saura qu’il ne peut y avoir de devoirs sans conscience, la conscience étant, dans cette vision ce qui se rapproche de la recherche de la Vérité et donc du Divin.

Les devoirs sont donc l’expression d’un Homme conscient et libre qui attend son incarnation dans son corps de Gloire qui lui donnera la vie et la liberté éternelle

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10 janvier 2015 6 10 /01 /janvier /2015 11:33

Mes TT:. CC:. SS:. et FF:. membres et sympathisants du C.I.L. et de la Laïcité,

Une confusion est malheureusement provoquée par le Parti de Gauche et quelques syndicats qui manifestent aujourd'hui samedi ... ce qui justifie ce rappel.

Rassemblement : " Hommage aux victimes de CHARLIE "

Comme vous en ont informées vos Obédiences respectives,

la journée officielle se tient dimanche

11 janvier à MARSEILLE et dans toute la FRANCE.

Les Francs-maçons/nes, de toute obédience, sont invités

à se retrouver avec les très nombreux citoyens de Marseille qui seront présents.

Rassemblement Républicain

Dimanche 11 à 15 heures

devant le Palais de la Bourse

(Chambre de Commerce en bas de la Canebière)

Ci-joint une affichette rappelant que deux membres de notre famille ont été lâchement assassinés dans les locaux de Charlie Hebdo.

A ceux qui le souhaitent : vous pouvez imprimer l'affichette et l'arborer lors du Rassemblement Républicain

Recevez notre fraternel salut.

CHARLIE RAPPEL - Rassemblement dimanche 11 janvier à 15 h à Marseille
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10 janvier 2015 6 10 /01 /janvier /2015 11:03
Des francs-maçons parmi les victimes de la tuerie de Charlie Hebdo

extrait du blog de JL Turblet

Le Grand Orient de France (GODF) est en deuil. Il a perdu le 7 janvier dernier deux de ses frères dans l’attentat terroriste monstrueux qui a eu lieu dans les locaux de Charlie Hebdo, faisant 12 morts et de nombreux blessés.

Évidemment l’ensemble des frères et sœurs membres des obédiences maçonniques françaises se joignent à leurs frères et sœurs du GODF pour partager avec eux leur peine incommensurable.

Le frère Bernard Maris est l’une de ces victimes. Économiste connu, écrivain et journaliste, il devient professeur des universités à l'Institut d'études politiques de Toulouse. Il était professeur des universités à l'Institut d'études européennes de l'université Paris-VIII.

Bernard Maris a écrit pour différents journaux : Marianne, Le Nouvel Observateur, Le Figaro Magazine, Le Monde et Charlie Hebdo, dans lequel il prenait la plupart du temps le pseudonyme d'« Oncle Bernard». Dans ce dernier journal, il était jusqu'en 2008 le directeur adjoint de la rédaction. En tant que fondateur, lors de la renaissance du titre en 1992, il en était actionnaire à hauteur de 11%.

Bernard Maris était également engagé en politique au sein des Verts.

Bernard Maris n’avait pas souhaité de son vivant rendre public son engagement maçonnique. Il a été initié franc-maçon en 2008 au sein de la loge « Roger Leray » du Grand-Orient de France. Loge très politique, la loge « Roger Leray » porte ce titre distinctif en hommage à celui qui fut Grand-Maître du GODF en 1981 et qui fut un soutien actif du candidat socialiste. Roger Leray avait joué un rôle majeur dans les accords de Nouméa qui mirent fin à la guerre en Nouvelle Calédonie (Jacques Lafleur et Jean-Marie Djibaou étaient maçons). Roger Leray avait notamment fondé la loge « Demain ».

L’autre franc-maçon qui a trouvé la mort lors de la tuerie est le frère Michel Renaud.

Michel Rebaud, 69 ans, était un ancien journaliste à Europe 1 et auFigaro.

Il fut également directeur de la communication de la ville de Clermont-Ferrand.

Michel Rebaud avait été initié en 1986 au sein d’une loge de la Fédération Française du Droit Humain (DH). Il avait depuis rejoint la loge « Lux Perpetua » du Grand Orient de France à Clermont-Ferrand.

Bernard Ollagnier (membre de la Grande Loge de France et co-fondateur du Think Tank Franc-Maçonnerie et Société) qui avait employé Michel Renaud dans son agence de Communication il y a plusieurs années m’a fait part de sa très grande émotion à l’annonce de sa disparition.

Un autre frère du GODF de Clermont-Ferrand accompagnait Michel Rebaud lors de la conférence de rédaction de Charlie Hebdo. Il a échappé par miracle aux balles des assassins en se jetant à terre. Il est gravement traumatisé par ce qu’il a vécu lors de l’attentat. Nous pensons bien à lui et lui souhaitons un bon rétablissement.

L’épouse de l’un des dessinateurs célèbres qui ont trouvé la mort le 7 janvier est une sœur de la Grande Loge Féminine de France. Elle est Vénérable-Maîtresse de sa loge.

Le fils d’un frère du Grand Orient de France, à l’Orient de Cholet, figure parmi les blessés.

Enfin, un proche parent du dessinateur Tignous est membre d’une loge parisienne du Grand Orient de France.

La Loge « Roger Leray » rendra hommage à Bernard Maris et aux victimes de l’attentat de Charlie Hebdo lors de sa tenue du mardi 13 janvier 2015 à 12 heures 30 au temple 3 au siège du Grand Orient de France, 16 rue Cadet à Paris.

Il s’agit d’une tenue maçonnique donc réservée aux francs-maçon(ne)s. Les frères et sœurs peuvent se joindre à cet hommage.

Gémissons, Gémissons, Gémissons… mais espérons…

Des francs-maçons parmi les victimes de la tuerie de Charlie Hebdo
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7 janvier 2015 3 07 /01 /janvier /2015 21:37
Réaction commune des obédiences maçonniques françaises

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Attentat terroriste contre Charlie Hebdo :

Communiqué interobedientiel

Une attaque contre les principes fondamentaux de la République

Les obédiences maçonniques signataires condamnent avec la plus extrême vigueur l’horrible attentat commis, ce jour, contre le Journal Charlie Hebdo.

Les auteurs de ces crimes lâches et barbares ont commis l’impensable contre la démocratie, contre les valeurs de la république française et contre la laïcité qui en est l’un des fondements.

Les francs-maçons et les francs-maçonnes rappellent leur indéfectible attachement et leur engagement à défendre, en toutes circonstances, la liberté d’expression, en particulier la liberté de la presse et la liberté absolue de conscience.

Nos amis de Charlie Hebdo sont morts parce qu’ils étaient des consciences libres, parce qu’ils croyaient en la grandeur de la conscience humaine, parce qu’ils étaient sans peur pour défendre leurs idées.

Nous leur devons de prouver que leurs combats, pour les valeurs que nous partageons, seront poursuivis avec la même détermination.

Grand Orient de France

Grande Loge de France

Fédération Française du Droit Humain

Grande Loge Féminine de France

Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra

Grande Loge Mixte de France

Grande Loge Mixte Universelle

Ordre initiatique et Traditionnel de l’Art Royal

Grande Loge des Cultures et de la Spiritualité

Grande Loge de l’Alliance Maçonnique Française

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26 décembre 2014 5 26 /12 /décembre /2014 11:41

Mes B:.A:.FF:. et SS:.

Un joyeux noël et Un bon bout d'an pour vous et tous ceux qui sont chers à votre cœur

Que la joie brille dans votre cœur
Que la sagesse anime votre Esprit
Que la beauté orne votre Âme

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Bonne et Heureuse Année 2015

Bonnes Fêtes
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25 novembre 2014 2 25 /11 /novembre /2014 18:44
A recommander le dernier ouvrage de Jean-Claude Sitbon qui décline une étude à ce jour unique sur le personnage central de la Franc-Maçonnerie.

Jean-Claude Sitbon a rassemblé, commenté et mis en perspective des textes issus des traditions bibliques et maçonniques afin de mieux décrypter les symboles du grade de maître… et au-delà.

Cet ouvrage est composé de cinq chapitres. Les trois premiers abordent l’étude des sources bibliques d’Hiram, les deux derniers étant centrés sur la Franc-Maçonnerie et ses aspects symboliques dans les différents Rites, sans oublier bien sûr la vision romantique de Gérard de Nerval et la doctrine de Martinès de Pasqually.

Cet ouvrage de référence passionnera tous ceux qui sont intéressés par le personnage d’Hiram et accompagnera les francs-maçons sur le chemin de la maîtrise.

En vente sur www.latarente.com au prix de 25€
Jean-Claude SITBON - HIRAM
Jean-Claude SITBON - HIRAM
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14 novembre 2014 5 14 /11 /novembre /2014 05:54
Vibrations Maçonniques

Un bouquin coup de cœur d’un frère, qui m’a envoyé ce week-end le mail suivant :

Frère d’une loge du fin fond de la Seine-et-Marne, je suis régulièrement ton blog, lisant les articles dont le sujet m’intéresse, découvrant de nouvelles choses… Bref, je prends connaissance tous les jours de la publication avec plaisir.
En octobre dernier, j’étais chez mes parents à Nice lors du 3ème Salon Maçonnique organisé par le Cercle Azuréa à Cannes. J’y suis allé faire un tour par curiosité en rentrant de promenade avec ma femme et mes enfants.
Sur place, j’ai rencontré une sister qui m’a tellement bien « vendu » son livre que j’ai fini, avant tout par fraternité, par lui acheter d’autant que le budget était raisonnable (9,50 euros).
Retour de vacances, reprise de la vie prof. Le petit bouquin attendait gentiment. Plusieurs jours durant. Machinalement, je m’en suis emparé hier soir et j’ai commencé à le feuilleter distraitement en regardant l’interview présidentielle sur TF1. Puis, avec un intérêt plus marqué me faisant oublier ce qui se passait sur le petit écran. Pour finir par me régaler en le dévorant jusqu’à tard en ayant éteint la boite à bruit.
Le tout est un petit bijou que je recommande à tous. Je te précise que je n’ai aucune partie liée avec cette sœur. C’est juste un témoignage admiratif devant ce talent rafraîchissant dans l’édition maçonnique (parfois ampoulée) que je souhaitais partager avec tes lecteurs et toi.

Oui. Un petit ouvrage dont on entendra certes bien moins parler que des récents prix littéraires, mais qui ne demande qu’à vous enchanter…

Lina Cheli, qui a déjà fait paraître un roman « La guérisseuse de Marseille » aux édition L’Harmattan, a repris les différents symboles de la maçonnerie sous la forme techniquement exigeante de l’acrostiche (la suite des initiales de chaque vers forme un mot-clé qui peut être lu verticalement), la difficulté étant de garder un sens et une poésie au texte.
Et de la poésie, les pages n’en manquent pas. Grâce à sa maîtrise de la musique du Verbe, à son style fluide et sensible, notre sœur Lina nous emmène dans un magnifique voyage où le lecteur ne pourra que vibrer en résonance à la lecture de ces « Vibrations maçonniques ». Pour vous en convaincre ci-dessous deux des poèmes, parmi les près de 100 du livre.

Le silence
Les mots que l’on retient à l’intérieur de soi
Expriment beaucoup plus que ceux que l’on reçoit

S‘il existe savoir qu’on nomme vérité
Il doit s’épanouir dans la sérénité.
L‘écoute est avant tout le premier escalier,
Et la méditation érige son palier.
Ne parler qu’à son âme, éveiller sa conscience,
C‘est ouvrir son esprit à la magique alliance
Entre la voie du cœur et celle du silence.

La bougie
Le feu qui me dévore est celui de mon âme,
A chaque vibration, il fortifie ma flamme.

Brûlant de mon esprit ma conscience en repos,
Où je cherche ma voie dans cet espace clos,
Une vie se consume en ma mèche rebelle.
Genèse de l’espoir, la force ascensionnelle,
Illuminée d’amour et de pure énergie,
En éclairant le monde, éclaire la bougie.

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8 novembre 2014 6 08 /11 /novembre /2014 06:56

Le sujet traite des grades d’Elus et de leurs évolutions dans les rites maçonniques des Atel :. de perfection. Il est bon de savoir que la fonction d’Elus n’existe qu’au REAA et au Français, le RER se rattachant aux Elus Cohens et le GOE passant directement du grade de maitre au Grade de chevalier de l’aigle Rouge

Petit rappel Historique du Rite Français

Juillet-août 1785, le G.O.D.F. fixe, pour les Loges de sa correspondance, le rituel des trois premiers Grades. Les cahiers manuscrits qui sont approuvés correspondent toujours au rituel en pratique au sein des Loges du Rite Français de la G.L.N.F. »

1784-86, le Grand Chapitre Général de France arrête les rituels de Hauts Grades, répartis en quatre Ordres. Les cahiers manuscrits de ces quatre Ordres correspondent aux rituels pratiqués aujourd’hui au sein du Grand Chapitre Français. »

« 2 février 1788, le Grand Chapitre Général de France abandonne son autonomie pour constituer au sein du G.O.D.F. le Chapitre Métropolitain. Le système en 7 Grades du G.O. est en place qui sera par la suite dénommé Rite Français. »

« 1801, impression et publication, sous le titre de « Régulateur du Maçon » pour les Grades symboliques et de « Régulateur des Chevaliers Maçons » pour les Hauts Grades, de l’ensemble des sept rituels du Rite Français. »

« Juin 1979, retour du Rite Français au sein de la régularité avec l’apport de Frères venus du G.O.D.F., de la GLNF Opéra et de la L.N.F. Consécration des deux premières Loges : « Les Anciens Devoirs » N° 238 et « Saint Jean Chrisostome » N° 239. »

« 9 février 1999, signature d’un protocole d’accord entre Claude CHARBONNIAUD Grand Maître de la G.L.N.F. et Roger GIRARD Suprême Commandeur du Grand Chapitre Français, soulignant l’identité parfaite de leurs conceptions de la Franc-Maçonnerie Régulière et reconnaissant l’autorité et la régularité du G.C.F. pour régir les Hauts Grades du Rite Français »

Présentation du Rite Français

On entend par ‘‘Rite Français’’ le Rite consistant en les rituels et règlements élaborés dans les années 1780 et adoptés officiellement, en 1785 pour les trois grades ‘‘bleus’’ ou ‘‘symboliques’’ et entre 1784 et 1786 pour les hauts grades. Ce sont ces documents – essentiellement les rituels, retranscrits sous une forme plus adaptée à l’usage des Loges et des Chapitres d’aujourd’hui - qui sont la base de la pratique actuelle du Rite Français, à la GLNF en ce qui concerne les grades bleus, et au sein du Grand Chapitre Français en ce qui concerne les hauts grades.

Un fait très important que nous voulons souligner : les rituels dont nous venons de parler n’ont existé et n’ont été diffusés au XVIIIe siècle que sous forme manuscrite. En 1801 ils ont été imprimés sous le titre du Régulateur du Maçon pour les grades bleus et sous celui de Régulateur des Chevaliers Maçons pour les hauts grades. Il en résulte que le Rite Français, est caractérisé, surtout pour les grades bleus, comme le Rite du Régulateur du Maçon de 1801.

Cette appellation est malheureuse, en ce qu’elle semble indiquer que le Rite en question prend son origine en 1801 seulement. En réalité il date des années 1780. Il est difficile de lui assigner une date parfaitement déterminée, parce que l’élaboration des rituels et leur adoption constituent un processus qui s’est étendu sur plusieurs années. L’adoption définitive constituant l’aboutissement du processus.

Il faut d’autre part noter qu’on entend parfois assigner au Rite Français une origine antérieure à 1780. Il nous est par exemple arrivé d’entendre dire que le Rite Français existait déjà vers 1760. Ce genre d’affirmations résulte d’une confusion sur ce que l’on entend par ‘‘Rite Français’’. La seule définition précise qu’on peut donner de ce Rite est celle que nous avons donnée au début de la présente note, et elle situe son origine historique dans les années 1780, pas avant. Bien entendu, lorsqu’il fut mis au point dans ces années-là, ce Rite ne fut pas une création ex nihilo. Avant 1780, il existait une pratique maçonnique française ayant des caractères relativement homogènes, et le Rite Français tel que nous l’avons défini est profondément enraciné dans cette pratique antérieure.

De façon générale, il est possible de dire qu’aucun des Rites pratiqués aujourd’hui ne peut prétendre à une origine historique antérieure à 1780. En revanche, tous ces Rites sont plus ou moins fortement enracinés dans des traditions antérieures à 1780, dont chacun d’eux constitue une mise en œuvre particulière. Or un Rite ne peut pas être défini par les traditions dans lesquelles il s’enracine, comme si ces traditions étaient son bien propre, alors qu’il les partage avec d’autres Rites qui les mettent en œuvre d’une manière différente de la sienne. La définition d’un Rite inclut nécessairement la manière particulière dont il a mis en œuvre les traditions plus anciennes qui lui sont plus ou moins communes avec d’autres, et on ne peut lui assigner une origine historique antérieure à l’époque où cette mise en œuvre particulière a été réalisée. Ainsi, insistons-y encore, l’origine historique du Rite Français doit être située dans les années 1780, pas plus tôt et pas plus tard ; ce qui d’ailleurs suffit à faire de lui un des plus anciens Rites actuellement pratiqués, puisque aucun Rite actuellement pratiqué ne peut prétendre à une origine historique plus ancienne.

Faisons maintenant quelques remarques sur l’appellation ‘‘Rite Français’’. Cette appellation ne remonte pas à l’origine historique du Rite telle que nous venons de la préciser. Encore moins remonte-t-elle, bien sûr, aux origines de la Maçonnerie française. ... Elle n’apparaît pas, en fait, avant les dernières années du XVIIIe siècle. A partir de cette époque, et tout au long du XIXe siècle, elle désigne le ‘‘Rite Français’’ tel que nous l’avons défini, c’est-à-dire le système en sept Grades adopté aux dates mentionnées. Toutefois, le Grand Orient lui-même n’a pas dès l’origine baptisé son système ‘‘Rite Français’’. Cette appellation n’apparaît jamais ni dans les rituels et règlements originels, ni dans les délibérations au cours desquelles ces rituels et règlements ont été approuvés. La plus ancienne occurrence que nous connaissions de l’appellation ‘‘Rite Français’’ se trouve dans un procès-verbal de délibération de la Chambre d’Administration du Grand Orient en date du 25 décembre 1799, où il est question d’une loge constituée à l’orient de New York « sous le Rit français ». Toutefois cette appellation n’aurait pas encore été bien fixée à ce moment, puisqu’une autre délibération, du 24 mars 1800, parle encore simplement du « système du Grand Orient ».

En fait, l’appellation Rite Français semble avoir été forgée par opposition à celle de ‘‘Rite Ecossais’’, le terme ‘‘écossais’’ renvoyant à l’origine aux hauts grades : il a d’abord qualifié une certaine classe de hauts grades. Par la suite, son sens a parfois été étendu pour désigner – ainsi que le terme ‘‘Ecossisme’’ – l’ensemble de la Maçonnerie des hauts grades. Et enfin, comme il n’y avait pas au XVIIIe siècle la séparation stricte qui existe aujourd’hui entre hauts grades et grades bleus, l’appellation d’ « Ecossais » en est venue à être appliquée par certains Rites à l’ensemble de leur système, y compris les grades bleus. C’est ainsi qu’il existait dans les dernières années de l’Ancien Régime un système qui n’est plus pratiqué aujourd’hui en France et qui s’intitulait officiellement Rite Ecossais Philosophique – appellation qui apparaît dans des documents avignonnais des années 1780, car ce Rite avait été élaboré en Avignon.

Ce Rite, tel qu’il était pratiqué dans ces années-là, différait assez peu de celui du Grand Orient dans les grades bleus, il en différait surtout dans les hauts grades. En ce qui concerne le Rite que nous appelons ‘‘Rite Ecossais Rectifié’’, il existait également dans les années 1780, mais ne s’appelait pas encore ainsi, il s’appelait seulement ‘‘Rite Rectifié’’. Cependant, il était gouverné, y compris dans ses grades bleus, par des organismes qui s’intitulaient ‘‘Directoires Ecossais’’, ce qui permettait de concevoir ce Rite comme étant ‘‘écossais’’ dans l’ensemble de ses grades, et explique qu’il ait été finalement appelé ‘‘Rite Ecossais Rectifié’’. Ainsi, en face de Rites qui s’intitulaient ‘‘écossais’’ ou se prêtaient à être conçus comme tels, on peut comprendre que le système du Grand Orient de France ait été appelé ‘‘français’’. .

Les Rituels adoptés officiellement nous sont connus à travers plusieurs manuscrits antérieurs à la Révolution qui nous sont parvenus en bon état. Certains de ces manuscrits ont d’ailleurs été récemment publiés en fac-simile. Pour les grades bleus d’abord, ces rituels n’étaient eux-mêmes que le résultat de l’uniformisation et de la codification des pratiques des loges françaises, en prenant ici le mot ‘‘françaises’’ en son sens géographique et national et non en référence à un Rite quelconque. Ces pratiques, antérieurement à 1780, nous sont assez bien connues par différentes sources. Tout d’abord, par des divulgations dont la plus ancienne (la divulgation du lieutenant de police Hérault) remonte à 1737. Ces divulgations ont souvent un caractère commercial, ce qui peut faire suspecter leur véracité, mais elles peuvent être recoupées avec une deuxième classe de sources, qui sont les procès intentés par l’Inquisition, dans différents pays (Portugal, Italie), à des Maçons qui avaient été initiés et avaient pratiqué la Maçonnerie en France. A partir de ces deux sortes de sources, qui se révèlent cohérentes entre elles, on peut se faire une idée assez exacte de la pratique maçonnique des loges françaises dans les années 1740, du moins des allusions au rituel qui aident à se faire une idée de la pratique maçonnique.

A partir de toutes ces sources, on peut finalement arriver à connaître ce qu’était la pratique générale des loges françaises avant l’élaboration des rituels du Rite Français, pratique qui a servi de toile de fond à cette élaboration et lui a fourni ses matériaux. Trois conclusions se dégagent et doivent être soulignées :

1) La pratique rituelle française était relativement homogène bien qu'homogénéité n’engendre pas uniformité. Elle n’excluait pas des différences d’une loge à l’autre, des différences qui nous apparaissent aujourd’hui comme caractéristiques de Rites, par exemple l’ordre différent des mots du premier et du deuxième grade, n’existaient pas alors dans la Maçonnerie française, et les différences qui existaient n’étaient pas perçues ainsi. En fait, la notion de Rites différents dans les grades bleus n’apparaît pas dans les documents de l’époque, elle n’apparaît que pour les hauts grades.

Il est important de souligner cette unité essentielle de la pratique rituelle française au niveau des grades bleus, parce que certains historiens considèrent que la Maçonnerie française du XVIIIe siècle était partagée en deux grands courants, l’un que l’on caractérise comme ‘‘hanovrien’’, et qui serait lié à la Grande loge anglaise de 1717, l’autre qui serait indépendant de celle-ci, voire en opposition avec elle, et que l’on caractérise comme ‘‘stuartiste’’ parce qu’il serait lié au milieu des émigrés stuartistes. Le premier courant serait libéral et ‘‘progressiste’’, le second, autoritaire et conservateur. Sans vouloir entrer dans l’examen des questions complexes que soulève cette conception, disons que rien dans nos sources n’indique qu’il y ait eu deux Rites qui auraient correspondu à ces courants. Il est vrai qu’il existait des loges constituées par la Grande Loge anglaise de 1717 et d’autres qui étaient nées de façon complètement indépendantes d’elle et avaient souvent été fondées par des émigrés stuartistes, mais rien n’indique qu’il y ait eu des différences de pratique rituelle caractéristiques de ces deux sortes de loges. Au contraire, autant que nos sources nous permettent d’en juger, elles pratiquaient toutes, en substance, la même Maçonnerie.

2) Cette pratique commune à la Maçonnerie française était en conformité avec celle de la Grande Loge anglaise de 1717. Ici, il y a une opposition qui est certainement pertinente et qui doit être prise en compte, c’est celle des deux Grandes Loges anglaises, dites des ‘‘Modernes’’ et des ‘‘Anciens’’, dont la rivalité a marqué l’histoire de la Maçonnerie anglaise pendant toute la deuxième moitié du XVIIIe siècle, et encore au début du XIXe jusqu’à leur union en 1813.

La première de ces deux Grandes Loges est celle de 1717.

La seconde est celle qui se constitua en 1753 et qui reprochait à la première d’avoir altéré les anciens usages de la Maçonnerie.

Les membres de la Grande loge de 1753 appelèrent ‘Modernes’’, par dérision, ceux de la Grande Loge de 1717, et s’intitulèrent eux-mêmes ‘‘Anciens’’ pour exprimer leur prétention d’être fidèles aux anciens usages. Nous connaissons les principaux points de rituel sur lesquels la pratique des ‘‘Anciens’’ différait de celle des ‘‘Modernes’’, dont le plus remarquable était l’ordre des mots du premier et du deuxième grade, et on constate dans nos sources que sur tous ces points la pratique française coïncidait avec celle des ‘‘Modernes’’. La deuxième conclusion est donc que non seulement la Maçonnerie française présentait une nette homogénéité, mais que dans son fond commun elle était en accord avec la pratique rituelle des ‘‘Modernes’’.

On peut penser que c’est pour cette raison que le Rite Français est aussi appelé ‘‘Rite Moderne’’.

3) Malgré cette unité essentielle, la pratique rituelle de la Maçonnerie française présentait, nous l’avons admis, des variations entre les loges. Ces variations devaient inévitablement apparaître dès l’instant qu’il n’y avait pas de rituels officiels. La première Grande Loge de France paraît bien n’en avoir jamais eu, et le Grand Orient de France n’en a eu qu’en 1785 au titre des grades bleus.

- L’origine de ces variations n’est pas toujours claire. Donnons en deux exemples significatifs. Le premier sera celui de l’acclamation. On trouve dans la Maçonnerie Française deux acclamations, Vivat et Houzzai (cette dernière diversement orthographiée suivant les sources). La première est attestée par exemple dans le rituel des loges de Lyon de 1772 à l’ouverture des travaux, et plus anciennement, mais pour la loge de table seulement, dans des divulgations des années 1740 comme Le Secret des Francs Maçons de l’abbé Pérau (1744). C’est cette acclamation qui a été retenue par le Grand Orient de France dans son rituel de 1785. L’acclamation Houzzai, utilisée aujourd’hui par le Rite Ecossais Ancien et Accepté, apparaît dans l’édition de 1738 des Constitutions d’Anderson (sous la forme huzzah). En France, elle apparaît dans une divulgation de 1751 (Le Maçon démasqué) à la loge de table. Elle était utilisée par la Mère Loge Ecossaise de Marseille, et par les Loges qui en dérivaient. Il est possible qu’elle ait été à l’origine une particularité (en France) de la Mère Loge Ecossaise de Marseille.

- Le deuxième exemple est celui de la disposition des chandeliers. Les sources françaises les plus anciennes mentionnent trois chandeliers disposés ‘‘en triangle’’, mais les textes ne précisent pas la situation de ce triangle par rapport à la loge. L’iconographie laisse apparaître là aussi des variations. La disposition la plus ancienne et la plus fréquente attestée est celle que le Rite Français a conservée, en accord comme l’illustre le Régulateur du Maçon de 1801. Mais la disposition que l’on trouve au Rite Ecossais Rectifié et au Rite Ecossais Ancien et Accepté est aussi attestée dans certains tableaux de loge et dans certains rituels.

D’autres dispositions sont également attestées par certaines gravures. Ces chandeliers avaient pourtant à l’origine une signification symbolique précise, qui semble d’ailleurs avoir été quelque peu perdue de vue dans les années 1780 : ils représentaient le Soleil la Lune et le Maître de la Loge. Nous ignorons l’origine des variations de position que nous observons. En tout cas, il n’apparaît pas, comme nous l’avons dit, qu’elles aient été perçues comme des différences caractéristiques de Rites.

La principale conséquence de l’absence de rituels officiels, et en même temps la principale source de variations dans la pratique des loges, a été la liberté qu’ont eu les rituels d’évoluer. Les rituels primitifs étaient simples par rapport à l’état dans lequel nous les voyons maintenant, qui est le résultat de cette évolution. Tout en conservant le même noyau primitif, ils ont été considérablement développés et enrichis.

Depuis les années 1770, un besoin de mise en ordre et d’uniformisation se faisait vivement sentir, et beaucoup de loges réclamaient du Grand Orient la rédaction de rituels officiels. Pour les grades bleus, leur mise au point fut pour l’essentiel l’œuvre d’un groupe de Frères qui appartenaient à la Chambre des Grades du Grand Orient de France, et dont le plus connu est Roëttiers de Montaleau. Ils y travaillèrent au cours de l’année 1783, puis leur travail fut soumis à diverses relectures et corrections avant d’être finalement approuvé en 1785, comme on l’a dit. Le préambule du rituel d’apprenti, qui vaut pour l’ensemble des trois grades, indique bien à quel besoin cette rédaction répondait :

« Un autre point, non moins important, est l’uniformité depuis longtemps désirée dans la manière de procéder à l’initiation.

Animé de ces principes, le Grand Orient de France s’est enfin occupé de la rédaction d’un protocole d’initiation aux trois premiers grades, ou grades symboliques. Il a cru devoir ramener la Maçonnerie à ces usages anciens que quelques novateurs ont essayé d’altérer, et rétablir ces premières et importantes initiations dans leur antique et respectable pureté. Les loges de sa correspondance doivent s’y conformer de point en point, afin de n’offrir plus aux Maçons voyageurs une diversité aussi révoltante que contraire aux vrais principes de la Maçonnerie ».

Cette entreprise de mise en ordre et d’uniformisation n’était pas la première du genre, et elle n’est pas isolée dans la Maçonnerie française des années 1780. Elle avait eu un précédent en dehors du GODF celle de la Mère Loge Ecossaise de Marseille, dont nous savons qu’elle avait adopté dès 1774 des rituels officiels qu’elle communiquait aux loges auxquelles elle accordait des constitutions, avec obligation pour ces loges de se conformer à ces rituels. D’autre part, il est aussi mention du rituel intitulé « grade d’Apprentif des Loges de Lyon en 1772 ». Il pourrait s’agir du rituel officiel de la Grande Loge des Maîtres Réguliers de Lyon. Il semble donc – et il est assuré dans le cas de la Mère Loge Ecossaise de Marseille – que des autorités maçonniques de province avaient précédé le Grand Orient dans son entreprise. D’autre part, il y a dans les années 1780 une entreprise contemporaine et parallèle à celle-ci, et dont le résultat nous est parvenu : c’est celle qui a produit les rituels du Rite Ecossais Rectifié. L’élaboration des rituels du Rite Français se situe donc dans un mouvement plus large, qui correspondait à une nécessité ressentie un peu partout dans la Maçonnerie française.

On peut, à partir de cette étude historique, préciser la place du Rite Français, sinon dans l’ensemble de la Maçonnerie pratiquée dans le monde, du moins dans celle qui est pratiquée en France.

La meilleure manière de caractériser la place du Rite Français est de dire qu’il est le représentant le plus fidèle, parmi les rites actuellement pratiqués en France, de la pratique commune de la Maçonnerie française du XVIIIe siècle. Cela résulte de ce que nous avons déjà dit, à savoir qu’il n’est pas autre chose que le résultat d’une entreprise de mise en ordre et d’uniformisation de cette pratique. Cela répond, croyons-nous, à une question qu’on entend souvent poser : quelle est la spécificité du Rite Français ? A cette question nous répondons volontiers que la spécificité du Rite Français est de n’en pas avoir.

La comparaison avec le Rite Ecossais Ancien et Accepté nous permet également d’éclaircir un point laissé en suspens : celui de l’origine de l’appellation ‘‘Rite Moderne’’. Cette appellation, pas plus que celle de ‘‘Rite Français’’, n’a été choisie par les fondateurs du Rite, elle ne s’est introduite que plus tard. En fait, elle a d’abord été donnée, de l’extérieur, au Rite Français, par les Maçons du Rite Ecossais Ancien et Accepté, qui à l’imitation de la Grande Loge anglaise des ‘‘Anciens’’, intitulaient leur propre Rite ‘‘Rite Ancien’’ et intitulaient le Rite Français ‘‘Rite Moderne’’.

L’histoire de l’origine des hauts grades du Rite Français comporte des péripéties assez complexes. Nous ne ferons qu’en rappeler les principaux points. Le travail fut commencé par la Chambre des Grades du Grand Orient de France, créée en 1782 avec la mission précise de mettre au point le système de hauts grades destiné à devenir le système officiel du Grand Orient. Ce travail était guidé par le même souci de mise en ordre et d’uniformisation que nous avons vu présider à la mise au point des rituels des grades bleus.

La Chambre des grades s’acquitta de cette tâche documentaire avec beaucoup de sérieux, mais pour des raisons qui ne sont pas bien connues elle ne passa jamais à la deuxième étape, celle de la rédaction des hauts grades. Le travail de rédaction des hauts grades fut réalisé dans le cadre d’un organisme qu’une partie des membres de la Chambre des Grades, sous la conduite de Roëttiers de Montaleau (toujours lui), créèrent en marge du Grand Orient le 2 février 1784, et qui s’appela le Grand Chapitre Général de France. Ces Frères n’avaient pas l’intention de s’ériger en un organisme rival du Grand Orient, mais seulement, semble-t-il, d’avoir les coudées franches pour réaliser le travail de rédaction des hauts grades comme ils l’entendaient, et de remettre ensuite au Grand Orient le résultat de ce travail.

Les animateurs du Grand Chapitre Général de France avaient l’intention de réunir leur Grand Chapitre au Grand Orient de France, et ils ouvrirent à cette fin des négociations qui aboutirent enfin à la réunion attendue, dont le principe fut voté dans la 178e assemblée du G.O., le 4 mai 1787, et dont les modalités furent précisées dans les assemblées suivantes. Par cette réunion, le système mis au point par le Grand Chapitre Général de France devenait le système officiel de hauts grades du Grand Orient.

.... Les membres du Grand Chapitre Général de France, s’appuyant sur le travail de documentation qu’ils avaient réalisé dans la Chambre des Grades, classèrent les haut grades en cinq « ordres ». Cette notion d’ordre était une nouveauté, et elle ne doit pas être confondue avec celle de grade. Un ordre est un ensemble de grades, chaque grade pouvant lui-même exister en plusieurs versions.

Le premier ordre comprenait les grades d’Elu, mais aussi un certain nombre d’autres grades qui se conféraient habituellement entre la maîtrise et les grades d’Elus.

Le deuxième ordre comprenait les grades d’Ecossais.

Le troisième ordre comprenait essentiellement un seul grade, celui de Chevalier d’orient,

Il en était de même du quatrième ordre, correspondant au grade de Rose-Croix.

Tous les grades qui n’entraient pas dans les ordres précédents furent réunis dans un cinquième ordre.

Le Grand Chapitre Général de France décida de rédiger, pour chacun des quatre premiers ordres, un grade unique relevant de cet ordre.

Pour le premier ordre, ce fut le grade d’Elu Secret, pour le deuxième ordre celui de Grand Elu Ecossais. Pour le troisième ordre, on arrêta une version du grade de Chevalier d’Orient, et pour le quatrième ordre une version du grade de Rose-Croix.

Ces quatre grades étaient destinés à être pratiqués. Pour le cinquième ordre, on ne rédigea pas de grade, car les grades qui relevaient de cet ordre n’étaient pas destinés à être pratiqués, mais seulement étudiés. C’est ainsi que la carrière initiatique d’un Maçon du Rite Français, dans les hauts grades, passe par quatre grades :

Le grade d’Elu secret, qu’il reçoit dans le Chapitre ouvert en son premier ordre ;

Le grade de Grand Elu Ecossais, qu’il reçoit dans le Chapitre ouvert en son deuxième ordre ;

Le grade de Chevalier d’orient, qu’il reçoit dans le Chapitre ouvert en son troisième ordre ;

Le grade de Chevalier Rose-Croix, qu’il reçoit dans le Chapitre ouvert en son quatrième ordre.

Lorsqu’on compare les hauts grades du Rite Français avec les hauts grades d’autres Rites, on se rend compte que les différents systèmes de hauts grades ont été faits à partir d’une même matière, à savoir ce foisonnement de grades qu’offrait la Maçonnerie française d’avant 1780. Chaque Rite a traité cette matière à sa façon, en choisissant de retenir plus ou moins de grades, en conservant distincts des grades voisins ou au contraire en les réduisant en un seul. C’est pourquoi il y a des thèmes que l’on retrouve dans plusieurs systèmes, mais dans l’un on les trouve dans des grades différents, tandis que dans l’autre on les trouve réunis dans un seul grade.

Ce caractère exprime un esprit, et il y a incontestablement un esprit du Rite Français comme il y a un esprit de chacun des autres Rites. L’esprit d’un Rite ne peut pas se laisser enfermer dans quelques phrases lapidaires, surtout lorsque, comme c’est le cas pour le Rite Français, il n’a pas de doctrine explicite, son esprit s’exprimant uniquement à travers ses rituels. Lorsqu’on veut dire en quelques phrases l’esprit d’un Rite, même quand il a une doctrine, on est guetté par les approximations, les réductions et les malentendus.

En fait, l’esprit d’un Rite ne se laisse découvrir que de l’intérieur, par la fréquentation assidue et la pratique de ses rituels.

Petit rappel historique du REAA

L’histoire du Rite Écossais Ancien et Accepté s’est articulée en trois périodes qui correspondent, tout au moins en France, à des étapes d’évolution significatives dans l’organisation, le fonctionnement et la gestion des 33 degrés du Rite :

- 1740 – 1821

- 1821 – 1894

- 1894 et au-delà

La première période présente les événements historiques fondateurs du R.É.A.A. Elle conduisit notamment à la création le 31 mai 1801 du Suprême Conseil du 33ème degré pour les Etats-Unis d’Amérique, puis le 20 octobre 1804 celle du Suprême Conseil du 33ème degré en France. L'année 1821 est importante pour ce dernier qui décide de mettre en oeuvre sa première grande réorganisation.

- Les débuts de l’« Écossisme » (1740-1758)

- Exportation de la Maçonnerie Écossaise, dite de « Perfection » aux Antilles (1758-1767)

- Passage du Rite de Perfection au Rite Ecossais Ancien et Accepté (REAA) (1767-1802)

- Retour en France du système écossais sous la forme du Rite Écossais Ancien et Accepté (1802-1821)

Présentation du REAA

Pourquoi « Ancien » ? Ce terme se rapporte à la Grande Loge des « Antients » qui pratiquait en Ecosse et en Irlande une maçonnerie qui se distinguait de celle anglaise dite des « Moderns ». Ainsi se constitua en 1753 la « Grand Loge of the Free and Accepted Masons according to the Old Institutions », dite Grande Loge des Antients. Il témoigne de la volonté de revenir aux anciens usages chers aux Ecossais ainsi qu’aux Irlandais autour de Laurence Dermott.

1- Pourquoi « Accepté » ? Il s’agit de l’acceptation dans les loges symboliques de membres extérieurs au Métier.

2- Pourquoi « Ecossais » ? Pour se démarquer du système concurrent anglais, né en Ecosse et apparu en France dans les milieux stuartistes réfugiés à Saint-Germain-en Laye à la fin du 17ème siècle, qui créent des loges en France à l’origine de la Grande Loge Provinciale de France en 1736. L’Ecossisme, malgré son nom, naît donc en France dans la seconde moitié du 18ème siècle.

Aux environs de 1740, apparaît en France un grade supérieur au 3ème degré, celui de Maître Ecossais, appelé aussi Maître Parfait. Une loge de Maître Ecossais est fondée à Bordeaux en 1745 qui ne reçoit que des anciens Vénérables Maîtres. Elle ressemble tout à fait à ce que nous appelons maintenant une Loge de Perfection. Le Comte de Clermont crée ensuite un rite en 25 degrés. Même si la paternité du Chevalier de Ramsay dans le processus de fondation de l’Ecossisme est très discutable, on ne peut ignorer que son célèbre discours de 1736 a introduit une réelle inspiration chevaleresque, dont l’Ecossisme est fortement teinté, dans la Franc Maçonnerie spéculative, dont, selon lui, les croisades et la construction des cathédrales seraient la source.

Il s’agit pour l’initié de revenir au Principe Créateur dont il émane afin que le multiple revienne à l’Unité et lui permettre de participer à l’Harmonie Universelle.

Le Rite lui propose dans cette perspective qu’elle lui ouvre, une progression par degrés qui peuvent se décomposer successivement en degrés de Connaissance tout d’abord, puis d’Amour et enfin d’Action.

- Connaissance de soi tout d’abord par un travail d’introspection pour ensuite mieux connaître les autres et notre place dans le monde qui nous entoure afin de comprendre que chacun participe au Grand Tout et se rejoint dans son Unité.

- Amour qui s’exprime par la fraternité qui nous réunit et la place qu’il appartient de faire à l’autre non pas simplement pour accepter ses différences mais pour prendre conscience qu’il est un autre nous-même.

- Action car le REAA demande à l’initié un authentique engagement afin de mettre en pratique ses principes et bâtir l’avènement du Saint Empire.

Le REAA propose à l’initié une quête en 33 degrés qui commence par le grade d’Apprenti, puis de Compagnon et de Maître pour se prolonger jusqu’au 33ème. Au cours d’une lente progression, il rencontrera les différentes traditions qui ont structuré le rite :

- égyptienne (l’hermétisme),

- grecque (le pythagorisme),

- islamique (alchimie)

- hébraïque, (la Cabbale),

- chrétienne (la Gnose)

- et, surtout, chevaleresque (les influences templières).

L’initié entame une quête spirituelle à travers la recherche de la parole perdue, qui transcende progressivement son individualité et l’élève au niveau de l’absolu, en réconciliant la matière et l’esprit, vers cette intelligence que l’on désigne comme le Principe, vers ce que l’on peut définir comme l’état du Saint-Empire, dont le mythe peut être considéré comme le fondement de l’Ecossisme.

Le REAA a d’abord pour but de faire comprendre l’ésotérisme des trois premiers degrés symboliques, qui demeurent des degrés essentiels, et les Hauts Grades qui leur succèdent permettent d’approcher progressivement les problèmes posés par la cérémonie du troisième degré.

Il se définit comme un Ordre Initiatique, Traditionnel, Maçonnique, Chevaleresque et International, à vocation universaliste. Il repose sur la Foi en une Puissance Suprême, Principe Créateur, nommé Grand Architecte de l’Univers. Le REAA conçoit la Franc-Maçonnerie comme une société ayant pour objet l’Union, le Bonheur, le Progrès et le Bien-être de la famille humaine en général et de chaque homme individuellement.

Dans la Bible, le verbe ‘’choisir’’ concerne la vie spirituelle de l’homme ou du peuple et s’emploie avec Dieu comme sujet. Dans l’ancien testament, il est dit que Dieu choisit Israël pour en faire son peuple Elu et que c’est celui à qui il est apparu en songe qui le conduira en terre promise (en terre sainte) , celui que Dieu aura choisi à l’identique de celui qu’il aura oint par l’huile et qui s’appellera « christos » …

Dans sa définition propre, Elu veut dire personne désignée, celui ou celle qui semble disposer d’un don spécial et qui de fait réussit ! Personne ou peuple prédestiné au Salut ! Tout un programme.

Je ne pouvais aborder les grades d'Elus sans parler de ceux existants au REAA, que l’on trouve le terme d’« Élu » dans trois grades, qui sont :

- L’Élu des Neuf, intitulé aussi l’Élu vengeur ; (9ème degré)

- Le Maître Élu des Quinze désigné sous le titre d’Illustre Élu ; (10ème degré)

- Le Sublime Chevalier Élu qui est le véritable Élu. (11ème degré)

Ces trois grades s’inscrivent bien entendu eux aussi dans la suite logique du grade de Maître et résument le parcours initiatique des trois premiers grades vécus dans un nouveau cycle.

  • Le 1er, ou Élu des Neuf, évoque la question de la transgression de la loi et met en lumière les dangers et les méfaits des pulsions vengeresses.
  • Le 2°, ou Élu des Quinze, fait passer de la vengeance à la justice collective, afin que toutes les passions soient épuisées.
  • Le 3° enfin est une forme de consécration de l’initié qui est reconnu comme être devenu un authentique Maître Maçon.

Les manuscrits d’Élus (pour rappel, le mot Élu signifie choisi) relèvent des grades dits couramment « grades de vengeance », alors que ces grades sont en fait des grades d’Élus … un peu comme si en évoquant le grade de Maître, on parlait d’un grade de mort, oubliant qu’en accédant à la maîtrise par la mort, on l’a vaincue en renaissant ! .

Cette mauvaise interprétation est due au besoin que chacun éprouve de classer, cataloguer les choses afin de mieux les dominer ! . Il est important d’éviter de confondre un ou des symboles, avec l’étape initiatique elle-même, de même qu’il est dangereux de confondre l’étape avec l’initiation. On n’est initié qu’une seule fois en maçonnerie lorsqu’on est reçu apprenti franc-maçon. Tous les grades ensuite correspondent à des étapes initiatiques successives, des clés supplémentaires qui permettent d’avancer peu à peu dans la voie de la Lumière et de la Connaissance ... la Gnose.

Et l’on doit considérer ces grades comme étant des grades de purification et d’épuration pour faire jaillir de nous notre matière la plus noble, la plus pure un peu comme l’alchimiste passant de l’œuvre au noir à l’œuvre au rouge avant l’œuvre au blanc. Les outils utilisés sont le poignard et l’épée, instrument de vengeance et de justice employés pour trancher la tête des mauvais compagnons, assassins du Maître. Cet acte en apparence barbare enseigne et nous rappelle qu’il faut supprimer en soi tout ce qui fait obstacle aux élans verticaux vers la lumière, en éradiquant, entre autres choses, l’intolérance, l’ignorance, le fanatisme, l’intégrisme, la jalousie et l’ambition qui sont autant de têtes de l’hydre maléfique … nos scories.

Cette série des trois grades d’Élus marquent l’achèvement du cycle de l’assassinat d’Hiram et de la mort de ses meurtriers pour nous conduire à réfléchir au problème de la justice voire plus de la vengeance.

Le Roi Salomon déclara que neuf Maîtres suffisaient et que le sort désignerait. Les neuf Frères furent ainsi élus. Partir à la recherche des meurtriers, c’est laisser derrière soi la peur de la mort. Ces Élus remplis de zèle sont empressés à accomplir leur devoir. Le chemin du devoir pour le Maître Maçon Élu consiste à partir à la recherche des mauvais compagnons qui ont tué le Maître. Ces mauvais compagnons s’appellent le plus souvent : « IGNORANCE, FANATISME, AMBITION, VANITÉ, ORGUEIL ».

Il est du devoir de chacun de supprimer ses mauvais compagnons qui sommeillent en lui, de les transmuer en bons compagnons, en changeant

- L’Ignorance en Connaissance

- Le Fanatisme en Tolérance (ce qui ne veut pas dire laxisme)

- L’Ambition en Détachement

- La Vanité en Simplici

- L’Orgueil en Humilité

A ce degré le Maître Élu des Neuf est lui aussi appelé à l’action et en aucun cas il ne peut s’ériger à titre individuel en justicier. Ce degré sensibilise particulièrement sur la nécessité du jugement qui ne doit pas s’égarer dans une quelconque vendetta.

Où s’est réfugié l’un des meurtriers du Maître Hiram ? Tiens donc dans une caverne, qui me semble pouvoir correspondre au cabinet de réflexion ! Sur un plan positif elle devient le refuge et la cachette de l’assassin qui cherche dans l’ombre à fuir la justice sur le plan négatif. Il se réfugie dans l’obscurité des ténèbres inférieures (je dirais même de ses ténèbres intérieures) même si la légende rapporte qu’il y avait une source d’eau vive dans la caverne et que celle-ci était au pied d’un buisson … avec pour rappel que le crime et la trahison ne doivent jamais demeurer impunis.

Au 9ème ; 10ème et 11ème degré, intervient le recours du tirage au sort par le Roi Salomon. Ce tirage au sort désigne à chaque fois des maîtres reconnus comme particulièrement zélés dans l’accomplissement de leur devoir. Dans la Bible, quand Dieu élit Moïse prophète d’Israël. Une seule raison pourrait être apportée, l’Amour. Cette élection place cependant sur Israël une charge à laquelle il ne peut se dérober sans être infidèle et sans rompre l’Alliance. La notion vraie d’élection et la justice de Dieu exigent que le peuple qui en bénéficie ne soit pas aveuglé par son élection au point d’en oublier sa mission.

il est essentiel de se pencher sur les définitions de vengeance et de justice, la première ayant un aspect obscur, la seconde un aspect lumineux d’ailleurs me semble-t-il expliquer de façon plus claire au Rite Français dans son 1er Ordre.

Ce mot vient du latin vindicare qui signifie faire fonction de vindex. Le vindex, chez les Romains, était le défenseur, le protecteur, devenu par suite le « vengeur » qui se propose de rétablir le droit d’une victime. Cela correspond à l’évolution de justicier dans l’Antiquité. Au fil des siècles, l’évolution de sens du mot laisse penser qu’il s’agit d’une notion de justice expéditive et barbare.

Ce premier grade d’Élu des grades dits de Vengeance au REAA est désigné de la sorte parce que Johaben est reconnu digne de participer à la mise en œuvre de la justice contre les assassins du Maître. Mais en fait dans son élan impétueux celui-ci commet un acte personnel dicté par la pulsion vengeresse ; cette pulsion aveugle supprime complètement en lui toute capacité de discernement. Quel que soit le forfait commis, un criminel doit être jugé et non pas exécuté sommairement. Ce degré se situe dans la logique de la tradition hébraïque qui applique la loi cruelle du Talion et de la Loi (Tora). Alors que la continuité de la tradition abrahamique une autre alternance est possible. La charité chrétienne suggérera de pardonner, prêchant la miséricorde jusqu’à « tendre l’autre joue » quelle soit l’atrocité du crime.

De même le musulman, pris dans la balance de l’alternative, aura le choix d’appliquer le Talion ou de pardonner selon sa capacité de clairvoyance et/ou sa volonté de miséricorde. On peut définir cette vengeance comme une justice individuelle expéditive, sous l’impulsion de la passion et de l’aveuglement, alors que le sens de La vengeance correspond à une démarche qui relève d’un consensus de réparation, selon la loi action/réaction. Renoncer à la vengeance personnelle pour s’en remettre à la justice collective est le propre de la véritable maîtrise qui convertit l’ombre en lumière et contribue à étendre l’équité au plan social.

Dans les degrés suivants dits de perfection la notion de justice est très présente. Il est bon aussi de se rappeler que la justice est une des quatre vertus cardinales aux côté de la prudence, de la force et de la tempérance. Elle est inhérente à l’ordre et à l’administration d’une société, comme au règlement de la condition humaine. Ceci introduit la notion du Juste qui est défini comme étant celui qui agit selon la justice, avec un consensus accepté de toutes les parties, c'est-à-dire en rendant à chacun ce qui lui est dû.

Dans l’Absolu, seul l’Eternel est juste. Sa justice récompense les hommes justes, châtie les impies. Selon le judaïsme, le « juste parfait » (saddiq gamûr) est celui qui a observé la Torah d’alef à tav, ce dont Abraham est le modèle. Dans la Bible, l’Eternel ne se définit jamais lui-même comme parfait. Seul Mathieu est celui des quatre évangélistes qui utilisera l’adjectif « parfait »

‘’ Pour vous, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait’’ (Mathieu 5,48)

Cette perfection de l’homme reste de toute façon relative ... C’est toujours en relation avec la justice divine, comme action salvatrice, que la Torah parle d’une justice humaine ; même quand celle-ci entendue au sens humain et social. C’est toujours en référence à cet ordre fondamental désigné par le nom hébreu de sedâqâh qui se traduit aussi en termes de Salut, d’Alliance, de royaume de l’Eternel. La pratique de la justice humaine conduit à faire ressortir la vertu de justice, rattachée à l’accomplissement de la volonté de l’Eternel. Ainsi dans le contexte biblique et salomonien, parmi les dix commandants il est prescrit « Tu ne tueras point ». Le meurtre perpétré sur Hiram n’a pas de circonstances atténuantes qui auraient incité à la clémence le jugement rendu par Salomon. En effet, le mobile de l’action des mauvais compagnons est de s’emparer des attributs de la maîtrise sans en avoir l’aptitude, et va jusqu’à commettre ce crime irréparable.

Même si au rite français, la « vengeance » perd donc une partie de sa signification. Les chasseurs d'hommes ne tuent pas « stricto sensu » comme au Grade d'Elu des IX, Salomon ne condamne pas à des supplices horrifiques qui nous sont longuement détaillés comme à celui d'Elu des XV. Ce sont les mauvais compagnons eux-mêmes qui, par leur suicide, satisfont eux-mêmes à la vengeance des Maçons. Ce qui peut, moralement parlant, paraître supérieur et qui, en tous cas, enlève à ces Grades qui commençaient à être mal perçus à la fin du siècle.

Ajoutons, d'après l'Instruction, que le « Ciel qui juge les actions des hommes ne laisse jamais le crime impuni », que la lampe signifie que « nous recevons une lumière imprévue dans les démarches guidées par le Grand Architecte » et la source symbolique, le fait que « La Providence n'abandonne jamais dans les besoins pressants », enfin la formule biblique de clôture des travaux « tout est accompli ».

Comme les grades d'Elus, les grades d'Ecossais visent à compléter la maîtrise. Après avoir châtié les assassins d'Hiram et poursuivi la construction du Temple, il fallait l'achever. D'où un « discours historique ». Il débute par une liaison avec le grade précédent. C'est une permanence dans le rite que de chercher à établir un lien entre tous les grades. « Les meurtriers étant punis et les travaux étant à leur fin » ; le roi décida de cacher dans un lieu sûr et secret le véritable nom du Grand Architecte. Salomon fit pratiquer sous la partie la plus mystérieuse du temple une voûte secrète au milieu de laquelle il plaça un « pied d'estal » triangulaire qu'il nomma le « pied d'estal de la science ». Cette voûte n'était connue que de Salomon et de Maîtres qui y avaient travaillé en secret. Hiram grava la parole sur un triangle du plus pur métal et, par crainte de la perdre, la portait suspendue à son cou. Lors de son assassinat, il put la jeter « dans un puits, lequel était au coin de l'Orient au midi ». Salomon la fit rechercher et trois maîtres le retrouvèrent, le rapportèrent à Salomon qui fit le « signe d'admiration », convoqua les 15 élus (retour au grade précédent), les neufs maîtres qui avaient construit la voûte et, les trois inventeurs du triangle. Escortés par eux, il descendit dans la voûte, fit incruster le Delta au milieu du « piédestal » et le couvrit d'une pierre d'agate « taillée en forme quadrangulaire sur laquelle il fît graver à la face supérieure le mot substitué, à la face inférieure tous les mots sacrés de la Maçonnerie et aux quatre latérales, les combinaisons cubiques de ses nombres, ce qui la fit surnommer pierre cubique ». Récit para historique à base vétero testamentaire auquel s'ajoute une esquisse de la tradition chevaleresque et croisée que développera plus longuement le 3e « ordre », ainsi peut se résumer cette légende.

Il est enfin à noter la part importante donnée à la « science », ce qui apparaît assez nouveau dans la maçonnerie des Lumières où le Travail est davantage considéré comme un « art ».

« Qui vous conduit ici, mon Frères ? » - « L'amour de mon devoir, et le désir d'atteindre à la haute science » (ouverture des travaux, répété dès le début de l'instruction).

« Comment se nomment les Loges des Grands Élus Écossais? - Loges de Hautes Sciences, et leurs travaux, sublimes. » cf rituel 1801 2eme ordre

Le rite me semble basé sur trois axes : la voûte, la connaissance du nom secret du Grand Architecte, la Pierre Cubique.

L'aspect religieux est partiellement occulté, l'aspect ésotérique totalement écarté. On pratique bien des « purifications », mais l'eau et le feu se placent dans le cadre d'un symbolisme purement moral. Pour accéder à la « haute science », il faut juste un « cœur zélé partisan de la vertu et de la vérité ». L'épreuve subie par Abraham s'interprète comme « le sacrifice volontaire des passions ». L'objet de la recherche est « la connaissance de l'art de perfectionner ce qui est imparfait et d'arriver au trésor de la vraie morale ». La récompense en est « l'admission dans un lieu de Lumière et de Gloire où j'ai terminé mes travaux ». Pour pénétrer dans un Chapitre, il faut « la fermeté dans le coeur et sur le front, caractère de l'homme irréprochable ». Le premier devoir est « d'observer avec respect les lois de la Maçonnerie, de pratiquer la plus saine morale et secourir ses frères ».

Le grade de Chevalier d'Orient, troisième « Ordre », synthétise toute une série d'éléments empruntés aux différents grades « chevaleresques », qui, dans la hiérarchie actuelle du Rite Ecossais Ancien et Accepté, précèdent le 18e degré, celui de Rose Croix, et contient l'héritage des multiples grades de « chevaliers » qui ont fleuri au XVIIIe siècle.

Le rite s'arrête à la Rose Croix … Le Rite français est conçu un mécanisme de progression dans la connaissance maçonnique fort remarquable.

Lorsqu’on compare les hauts grades du Rite Français avec les hauts grades d’autres Rites et notamment du REAA, on se rend compte que les différents systèmes de hauts grades ont été faits à partir d’une même matière, à savoir à partir de ce foisonnement de grades qu’offrait la Maçonnerie française d’avant 1780. Chaque Rite a traité cette matière à sa façon, en choisissant de retenir plus ou moins de grades, en conservant distincts des grades voisins ou au contraire en les réduisant en un seul. Pour le REAA, on passe d’abord par la fonction d’Elus, puis dans celle de Gardiens chargés de garder le secret et les mystères et enfin on finit par Veilleurs car sans transmission de ce savoir et de cette Connaissance tout cela n’aurait servi à rien ! Au rite français c’est un peu la même progression mais dite différemment même si l’on passe directement du grade de Maitre au grade d’Elus avant d’entrevoir la fonction du Chevalier. L’Elu devient conscient que le temple qu’il a eu du mal à construire, mieux à élever construit est détruit à chaque fois par les mauvais compagnons CAD par lui-même … ce qui rappelle notre devoir de Maçon CAD construire en nous même, en notre cœur notre temple intérieur … construire, exalter notre corps de Gloire.

J’ajoute qu’au rite Français comme au REAA le grade de Chevalier R+C est un grade de consécration qui permets au Maitre de « savoir » et de montrer l’exemple par le « savoir-faire », l’Action qui permets de semer le Verbe et d’engendrer voire de se mettre en harmonie avec la Création.

C’est pourquoi il y a des thèmes que l’on retrouve dans plusieurs systèmes, mais dans l’un on les trouve dans des grades différents, tandis que dans l’autre on les trouve réunis et fusionnés dans un seul grade. Le choix des grades retenus, la mise en relation des grades les uns avec les autres, la progression ménagée de l’un à l’autre, donnent à chaque Rite son caractère propre. Cela vaut entre les hauts grades quel que soit le rite comme pour les grades bleus, car, pour le Rite Français en tout cas, tous ces grades ont été conçus comme formant un tout cohérent.

Comme je l'ai déjà dit précédemment, ce Tout exprime un esprit, et il y a incontestablement un esprit du Rite Français comme il y a un esprit de chacun des autres Rites. Nous n’avons cherché cependant à le définir ici, en fait, l’esprit d’un Rite ne se laisse découvrir que de l’intérieur, par la fréquentation assidue et la pratique de ses rituels.

Pour moi ce qui fait la plus-value du Rite Français, c'est que justement il y a cette dimension de liberté. Elle se réfère à un moment de la maçonnerie où quand on change une virgule du rituel, la voûte étoilée ne va pas s'effondrer, parce qu’elle s’appuie sur un socle, une structure fondamentale. Et autour de cette structure fondamentale, il y a une marge de variation qui dépend d'une tradition locale, d'une vision à un moment donné de ce que peut être la maçonnerie.

C'est justement dans cette possibilité de variation autour d'une structure que réside à mon sens la richesse, le dynamisme, la vie du Rite Français.

J'en termine là-dessus. Il est très important de conserver cette idée-là parce que, ne l'oublions pas, nous sommes à travers le Rite Français les derniers détenteurs de la plus ancienne tradition de la maçonnerie spéculative.

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2 septembre 2014 2 02 /09 /septembre /2014 06:15

Je vous abreuve de l'un de mes thèmes préférés en FM, le décodage du symbolisme, car tout dans le monde fonctionne par symboles. La difficulté est de relier les points.

Le symbole de l'équerre et du compas franc-maçon est un mystère pour les médias, les spécialistes, les historiens et même pour les franc-maçons. Personne ne sait d'où il vient ou ce qu'il signifie. Nous allons voir comment ce symbole détient un sens ancien, mystique et magique qui peut ''éclairer'' les initiés.

L'équerre et le compas franc-maçons avec un ''G'' au milieu, chapeautés de l'oeil de l'esprit (3ème œil) dans un triangle.

La plupart des franc-maçons, si on leur demande le sens de leur logo, déclarent :

''Ce sont deux …outils d'architecte ...pour enseigner des leçons symboliques...''

Pourtant, le logo de l'équerre et du compas a une signification qui va beaucoup plus loin que les simples leçons enseignées.

Une fois réunis, comme dans le logo des franc-maçons, les outils compas et équerre forment un carré et un cercle : La forme carré et cercle est rapportée dans le 47ème problème d'Euclide, la ''quadrature du cercle'', qu'on dit être le but principal de la réalisation maçonnique.

La quadrature du cercle, pourtant, ne se réfère pas dans ce cas à un problème mathématique : c'est une référence spirituelle à la quête instinctive de l'homme pour harmoniser ses natures physique et spirituelle.

Depuis l'antiquité, le carré a représenté le corps physique. Le cercle, d'un autre côté, a toujours représenté l'esprit.

L'équerre et le compas symbolisent donc la condition de l'Homme en tant qu'éternel esprit se manifestant dans un corps transitoire. Le cercle est notre côté spirituel qu'on ne peut voir, entendre, toucher, palper ou sentir. C'est notre Soi réel, inné et parfait, la partie que nous sentons en fermant les yeux et en pensant ''moi''.

''Généralement, pour la poésie de la Renaissance, le cercle était un symbole de perfection et … un symbole de l'esprit humain.''—J. Douglas Canfield, Université d'Arizona

Les compas, sont cependant entourés d'une équerre ; notre cercle est entouré par notre corps. Réfléchissez ici au carré à quatre côtés et à la manière dont nous expérimentons les ''quatre'' dans la Nature :

Les quatre points cardinaux (nord, sud, est, ouest)

Les quatre saisons (hiver, printemps, été, automne)

Les quatre éléments (terre, air, eau, feu)

Les quatre états de la matière (solide, liquide, gazeux, plasma)

Quatre représente le corps physique imparfait, ainsi que les désirs primaires et les appétits charnels qui alourdissent le corps. La vie humaine est vulnérable et temporaire, en saisissant contraste avec l'esprit invulnérable et permanent.

''Il y a un signe qui n'a jamais changé de signification dans le monde civilisé – le compas et l'équerre. Un signe d'union entre le corps et l'esprit.''

''… Les compas représentent … le côté spirituel de l'homme, alors que l'équerre appartient au monde matériel … l'équerre représente la matière. Dans le cas des compas … ils représentent … le Spirituel.''

''Un homme est un dieu en ruine''—Emerson

C'est une représentation ésotérique de ce qui est arrivé à chacun d'entre nous quand le ''dieu intérieur'' s'est incarné en tant qu'Homme.

Nous sommes des anges déchus, des étincelles du divin vivant maintenant dans le monde matériel, comme l'illustre merveilleusement la peinture de William Rimmer.

Nous avons tous chuté et sommes descendus dans la matière, qui est le monde matériel dans lequel nous vivons maintenant. Les deux outils équerre et compas symbolisent la ''double nature'' de l'Homme après la Chute :

''Le compas, en tant que symbole des cieux, représente la partie spirituelle de cette double nature de l'Humanité … et l'équerre, en tant que symbole de la Terre, sa partie matérielle, sensuelle, la plus basique.''

Il est intéressant de voir que de nombreux érudits et philosophes ont remarqué ce type de symbolisme. Les philosophes grecs ont compris ce concept et sont même allés jusqu'à dire que l'esprit est ''emprisonné'' dans le corps, parce qu'on doit prendre soin du corps et constamment :

Respirer

Manger

Boire

Maintenir une température constante

Combattre les maladies

Le corps ne peut subsister pour toujours et sera finalement détruit par la mort, ce qui libérera à nouveau l'esprit.

L'esprit, bien que piégé dans le corps humain, notre condition actuelle, est loin d'être impuissant. Parce qu'il est éternel, l'esprit arrive complet avec ses propres pouvoirs inhérents – pouvoirs qui peuvent être redécouverts et entraînés ici dans le monde matériel.

Bien qu'ayant chuté, l'esprit n'a jamais perdu ces pouvoirs ; ils ont été simplement ''revêtus'' d'un corps, les rendant méconnaissables.

La maçonnerie existe non seulement pour révéler à l'Homme la présence de son esprit inné, mais pour l'aider à redécouvrir ses pouvoirs les plus élevés, pouvoirs recouverts par le corps même qu'il habite.

L'homme de Vitruve

Reconnaître ces pouvoirs intérieurs est la clé de la quadrature du cercle, ou le devenir d'un dieu vivant sur terre en tant que mortel plutôt qu'un mortel s'efforçant de devenir un dieu. Cette idée est ce que les anciens appelaient l'Homme de Vitruve :

L'homme de Vitruve du mondialement connu Léonard de Vinci (1487)

Notez la manière dont de Vinci dessine l'Homme de Vitruve à l'intérieur d'un cercle dans un carré : il a compris les implications de la doctrine maçonnique.

De Vinci n'était pas juste le célèbre artiste qui a créé l'homme de Vitruve, ni le seul à l'associer au cercle et au carré :

L'Homme de Vitruve vit en parfait état d'équilibre, appréciant une vie bien intentionnée, ésotérique, stable, capable d'abondance. Le cercle est son esprit éternel. Le carré est son corps transitoire. Il sait cela ; il est illuminé de sa ''gnose'' (connaissance).

Les grands franc-maçons des ères passées étaient des Hommes de Vitruve, comme Washington et Franklin. C'est parce qu'ils avaient compris la franc-maçonnerie, à la différence des franc-maçons modernes qui ont perdu la profondeur et le symbolisme de leur tradition.

Cette pensée hérétique de la franc-maçonnerie est très différente du christianisme dominant, qui explique pourquoi les franc-maçons étaient historiquement une société secrète.

Toute cette sagesse Équerre et Compas est basée sur une antique sagesse, et pas seulement sur une ancienne culture. Les égyptiens et les chinois, deux antiques cultures dont les spécialistes pensent qu'ils n'ont jamais été en contact, utilisaient toutes deux le symbole du cercle pour indiquer ''l'esprit intérieur''.

Le glyphe égyptien Aton est formé d'un cercle avec un point au centre. À droite, le symbole de l'ancienne Chine du Yin Yang est un cercle avec le symbole de poissons jumeaux à l'intérieur.

Le Tai Chi est le Soi éternel. Le Soi fait germer des paires d'opposés durant la manifestation – les symboles des deux poissons jumeaux, l'un noir et l'autre blanc.

L'Aton égyptien est également le Soi éternel. Il était souvent dessiné en tant que disque ailé, deux serpents et des ailes.

Le Tai Chi et Aton symbolisent tous deux notre esprit intérieur ou cercle intérieur parfait. Les deux symboles apparaissent souvent au-dessus des entrées principales de temples et d'importants édifices religieux dans l'ancienne Égypte :

Ils symbolisent l'esprit parfait, éternel, un état que chaque être humain doit réaliser (l'état de Bouddha, de Christ).

''Pour les égyptiens, le sens de la vie était de reconnaître que nous ne sommes pas le corps physique qui s'incarne dans le monde de la matière, mais un point d'esprit silencieux dans le corps qui est toujours antérieur au corps et survit à la mort du corps.

''Le cercle … représente l'état omniscient de l'esprit quand il a atteint la pleine conscience, est libéré et vit en dehors de la matière.''

—Thomas Wilson, Svastika, le symbole connu le plus ancien et sa migration

Cette idée est traduite dans la façade des cathédrales gothiques – la rosace au centre, qui symbolise l'esprit intérieur parfaitement circulaire.

''La rosace est … une représentation de perfection, d'équilibre et d'harmonie de l'esprit purifié''

Les bâtiments franc-maçons sont des structures sacrées d'initiation, encodées de schémas intriqués et d'art qui parlent de quadrature du cercle ; ils sont lourdement chargés de langage symbolique que les érudits doivent toujours décoder.

Ce ne sont pas uniquement les cathédrales gothiques. Nous voyons dans tous les édifices maçonniques l'interaction de carrés et de cercles. C'est un thème constant, la lumière (notre esprit) spirituelle/divine se manifestant dans le monde physique/matériel (notre corps).

Il n'y a pas que des carrés et des cercles. Ce sont des carrés et des cercles en équilibre, unis en un rythme harmonieux, une réunion des opposés.

En conclusion

Cet article a donc mis à nu le secret égaré de la franc-maçonnerie : l'homme est à la fois une Équerre (corps) et un Compas (esprit). Ce secret, doctrine commune autrefois dans les anciennes cultures païennes, devait être gardé secret et caché à la Sainte Inquisition par peur de représailles.

Sa sagesse enseigne la doctrine interdite que chacun de nous ici-bas est un ''dieu'' emballé dans la matière, un esprit à l'intérieur d'un corps. Nous pouvons voir clairement notre corps, mais le Compas nous enseigne sur la partie que nous ne pouvons pas voir, l'esprit. C'est l'idée totale d'une l'initiation dans la sagesse sacrée disparue.

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2 juillet 2014 3 02 /07 /juillet /2014 06:10

Le rit :. du 4e deg :. porte bien peu cas à ce que l’on peut voir juste derrière le T :. F :. P :. M :. occupant la chaire de Salomon.

Tout juste si dans le préambule du rit :., au chapitre décoration du Temp :., le cartouche est décrit.Il y est dit ceci :

« Derrière le trône, à l’Orient, un grand cartouche circulaire, entouré d’un cercle jaune d’or. Sur le fond, jaune pâle, se détache, en rouge, le triangle sacré, portant en son centre l’Etoile flamboyante, en bleu. »

Mais si peu de renseignements nous sont fournis par le rituel, n’en déduisons pas trop rapidement que cette représentation symbolique de trois figures géométriques qui ont jalonné notre parcours maçonnique soit pour autant à négliger. Bien au contraire, je prétends qu’il représente justement notre parcours maçonnique à la recherche du Soi.

Trois figures : l’Etoile à 5 branches,

le Triangle,

le Cercle ;

Trois couleurs le jaune,

le rouge

et le bleu.

Des trois figures géométriques découlent naturellement trois chiffres : l’unité, le ternaire et le quinaire.

Le cercle = l’immensité du pouvoir divin donc infini ; peut-être faut-il chercher l’unité dans le centre du cercle qui est aussi le centre du triangle et aussi le centre de l’étoile.

C’est aussi un axe de réflexion me semble-t-il.

Les formes nous guident dans notre recherche du Verbe, but ultime de notre quête et tâche première du Maît :. Sec :. qui, au gré de ses voyages, traque la Vérité et la Parole perdue.

Nous sommes cette étoile à cinq branches dans laquelle le corps humain s’inscrit si bien.

Elle est symbole du microcosme, mais d’un microcosme sacré qui a déjà illuminé notre conscience et qui nous a permis de prendre le chemin de la recherche intérieure.

Elle est voilée au prem :. Deg :., flamboie au grade de Comp :. et passe de l’Orient à l’occident au grade de Maît :. .

Au grade de Maît :. Sec :. elle est la représentation du Verbe incarné que nous portons au fond de nous. Cela nous invite à une introspection encore d’avantage comme sa couleur bleue nous l’indique.

Elle nous invite à l’illumination de la transcendance, à la recherche du Principe où tout est Un. C’est donc bien la voie qu’elle nous indique, le quinaire n’étant pas une fin en soi. Le chiffre cinq est d’ailleurs le symbole de l’équilibre, point médian des neufs premiers nombres.

Il est signe d’union, nombre nuptial comme disent les pythagoriciens. Il est la somme du premier nombre pair et du premier nombre impair et symbolise le mariage du principe céleste, le trois, et du principe terrestre, le deux.

Dans les tarots, le Pape, qui porte le nombre cinq, constitue une exception dans la continuité des arcanes majeures, en ce sens qu'il ne représente pas le consultant, dans une phase particulière de son évolution, ni une expérience à vivre, ni même une qualité à développer (comme le signifieront la Justice, la Force et Tempérance), mais il situe une rencontre nécessaire à la prise de conscience de l'existence du divin.

Il incarne, à ce titre, le Père, le Maître spirituel, le Guide intérieur, la conscience morale. Il ouvre le Tarot à une dimension religieuse.

La religion a donc une valeur sociale, économique et même politique ; mais ce que l'arcane V révèle, c'est la réalité du divin. Plus encore, il indique le moyen de s'allier ces forces qualifiées de cosmiques ou surnaturelles. L'appui est donné à celui qui le demande. Et, la demande repose sur une reconnaissance du principe supérieur.

Le divin apparaît ici dans sa dimension positive, bienveillante et généreuse. Il ne s'agit dès lors pas d'une conception religieuse punitive fondée sur la peur.

Le Pape invite à reconnaître le divin existant en toutes choses, de le découvrir en soi-même et chez l'autre et d'adopter une attitude confiante, ouverte et aimante. Sans aller plus avant dans une interprétation peut être hors de propos ici, il me semble important de remarquer la position de la main droite du Pape.

Elle est parfaitement conforme à la main de justice, l’auriculaire et l’annulaire repliés sur la paume de la main, le majeur et l’index dressés. Apposé sur les lèvres, il est le signe du silence du maître secret. Toute la signification de l'arcane réside en ce point, et plus spécifiquement, dans l'acte accompli.

Le Pape fait un geste de bénédiction, c'est-à-dire qu'il pardonne, accorde, accepte. L'effet de l’arcane ne pourra donc être que positif. Ce geste nous éclaire sur la signification divinatoire de l’arcane : il produit un augure favorable ; le cherchant peut compter sur l'aide, l'appui et la compréhension d'une autorité supérieure.

Le lien entre le terrestre et le céleste est ainsi renforcé, et les doigts posés sur les lèvres appellent à intérioriser la méditation, de passer de l’action à la contemplation, de la maîtrise de l’outil à la maîtrise du Verbe. C’est tout le symbole du pouvoir sacerdotal du Pape.

Lorsque la recherche intérieure et la maîtrise du Verbe nous ont permis de briser les limites de cette Etoile, nous nous retrouvons dans un second espace triangulaire et rouge. Un triangle équilatéral, symbole de la franc-maçonnerie tout entière.

Le triangle équilatéral symbolise la divinité, l’harmonie et la proportion. Toute génération se faisant par division, l’homme correspond à un triangle équilatéral coupé en deux c’est-à-dire à un triangle rectangle. Celui-ci, selon Platon dans le Timée, est aussi représentatif de la Terre.

Cette transformation du triangle équilatéral en triangle rectangle se traduit par une perte d’équilibre. Et nous sommes tous à la recherche de cet équilibre synonyme de paix intérieure. Mais cette remarque est également vraie pour un triangle isocèle. Nous y reviendrons plus tard.

Le triangle c’est le ternaire induisant immédiatement le concept de trinité. N’y voyons pas là une image uniquement chrétienne puisque bon nombre de religions, et de philosophies pour faire plus large, utilise cette symbolique. Je ne ferais que citer l’Inde, la Perse ou encore la chrétienté pour m’arrêter sur la religion égyptienne qui compte plusieurs trinités ;

citons la triade thébaine (Amon, Mout, Khonsou), la triade osirienne (Osiris, Isis, Horus) et enfin la triade memphite (Ptah, Sekhmet, Nefertoum).

Le triangle de notre cartouche est rouge. Comme l’est la couronne de l’impératrice de l’arcane III des tarots. Sa couronne lui garantit le pouvoir conféré par son titre et ses attributs (bouclier et sceptre). Sa forme triangulaire induit une élévation intellectuelle et se rapporte au ternaire dont l'Impératrice est le symbole.

Le rouge, présent en son centre, évoque la même énergie qui figure à l'autre extrémité du corps, les pieds. C'est pourquoi, l'impératrice est plus active qu'il n'y paraît, mais d'une activité que l'on peut qualifier de passive. Il y a, chez elle, une différence évidente et renforcée entre l'Etre et le Paraître.

C’est aussi un constat d’équilibre qu’il convient de faire. Même si Jules Boucher nous dit que le Delta Lumineux doit être un triangle isocèle au nombre d’or, se mariant parfaitement avec le pentagone et donc l’étoile flamboyante, je me pose la question de la nature de ce triangle inscrit dans le cercle de notre cartouche du 4e Deg :. .

Mais qu’il soit isocèle avec un angle de 108° à son sommet et deux angles de 36° aux angles de base, ou équilatéral comme bien souvent représenté derrière le Vén :. Mait :. aux 3 Prem :. Deg :. , il n’en symbolise pas moins l’équilibre.

Le triangle isocèle décrit plus haut est exactement le contraire du triangle sublime, mais a une base beaucoup plus stable, comme le temps qu’elle symbolise. Les ténèbres et la lumière complètent le triangle par ces deux côtés qui se rejoignent au sommet.

On a ainsi un tout qui représente la divinité avec une inscription parfaite de l’Et :. Flamb :. qui porte en son centre, et donc aussi au centre du triangle, le G, lui aussi symbole de la divinité, de la connaissance de cette notion divine que nous portons en nous.

Le rouge est synonyme d’énergie, mais aussi d’accomplissement. Mais d’accomplissement matériel comme l’est la pierre menée à sa perfection, instrument pour atteindre l’or, le plus abouti des métaux.

Arrivé à ce stade, nous pouvons encore une fois briser les limites du triangle pour nous retrouver dans le cercle, jaune comme le décrit notre rituel. Jaune comme la couleur de l’or. Nous sommes dans le monde où tout est un. Un comme le symbolise le cercle.

Un comme l’Unité divine, le Un d’où tout est parti, le Un symbole du principe indivisible et transcendant.

Comme le dit le catéchisme du 4e Deg :. :

« Que signifie le cercle qui environne le triangle ? Il représente l’immensité du pouvoir de Dieu qui n’a ni commencement ni fin ».

Il semble pouvoir dire que la démarche qui nous a conduit de l’Etoile au cercle est une réintégration de l’âme du monde. Que l’or symbolise la lumière divine qui a été créée avant même les luminaires célestes.

Le Un est bien à l’origine de toutes démarches de reconquête de soi, comme le symbolise le Bateleur, arcane un du tarot. On retrouve ses pieds en équerre, base de toute démarche maçonnique. On a sur cette carte tous les éléments requis au développement de l’individu.

Tous comme le tout représenté par le cercle. Comme le tout contenu dans l’initiation maçonnique, mais tellement dense qu’il souvent plus d’un vie pour tout digérer.

Mais le chapeau du bateleur est en forme de lemniscate. Il évoque l'ouverture d'esprit du personnage. Je ne pense pas à une allusion précise au symbole utilisé à partir du XVIIe siècle pour figurer l'infini, mais à la forme du nœud pythagoricien qui constituait la coiffure des initiés.

C'est en effet à cette époque qui vit s'élaborer le Tarot, que la fin du Moyen Age redécouvrait la culture grecque, et notamment dans le nord de l'Italie. Le Bateleur peut tout faire, tout penser, tout vivre et tout expérimenter. Le vert le met en relation avec les forces de la nature et lui confère un mental pur, juste, sensible et réceptif, de l'ordre du ressenti animal et non de l'ordre de la pure abstraction intellectuelle comme le signifieraient le bleu, le jaune et le blanc.

Nous avons donc toutes les cartes en main pour réussir dans ce défi que nous impose le cartouche situé derrière Salomon. Nous devons bâtir dans ce cheminement qui nous porte du cinq vers le trois pour aboutir au un. Soit la modique somme de neuf, chiffre de l’Hermite.

L’Hermite, éducateur, chercheur, signifie méditation, dévouement, connaissance, solitude et patience. Plus qu’il ne marche, l’Hermite chemine. Son mouvement est lent, régulier et silencieux.

Il incarne l’homme en quête de vérité, à la recherche de sa véritable identité.

Son avancée traduit néanmoins un mouvement plus psychologique que physique. Ce n’est pas une lame d’état mais une lame de passage, comme l’Arcane XIII et le Mat. Le fait que l’Hermite apparaisse sous les traits d’un vieil homme indique la maturité psychologique nécessaire pour entreprendre une telle démarche. Il marque aussi la fin d’un cycle, la préparation à une renaissance.

Son orientation vers la gauche évoque la direction de l’évolution. Il ne s’agit pas d’un mouvement d’expansion, d’exploration de l’avenir ou de projection vers l’avant mais plutôt d’un retour sur soi, d’une pénétration de son passé ou d’une analyse du parcours accompli. La gauche représente l'introversion indispensable au travail mental.

En ce sens, l’Hermite s’apparente au méditant ou au chercheur. Toute progression ne peut qu’être intérieure et lente. Le temps est nécessaire et constitue un allié pour celui qui accepte de s’engager dans cette voie.

La couleur bleue domine, augmentant ainsi le degré de spiritualité de l’arcane. Le bleu isole.

A l’inverse du rouge et du jaune qui irradient leur énergie,

le bleu contient et retient la lumière.

Ainsi, l’Hermite, protégé par son manteau bleu, conserve son énergie pour éviter de la dépenser inutilement. Tout son corps est recouvert d’étoffe, masquant l’aspect physique du personnage et signifiant que l’Hermite s’adresse à l’esprit plus qu’au corps. Seule la pensée importe.

La lampe, qu’il porte à hauteur de visage, semble elle aussi ne pas avoir d’utilité réelle (puisqu’il fait jour) mais plutôt une signification symbolique. Il ne s’agit pas ici d’éclairer de réelles ténèbres mais de répondre aux questions existentielles que certains se posent et que d’autres ignorent.

L’Hermite cherche là où pour certains il n’y a rien à trouver et c’est ce que symbolise sa lanterne. Elle éclaire la lumière pour la rendre encore plus lumineuse. Elle clarifie des zones d’ombre invisibles aux yeux mais perceptibles par le cœur. C’est son propre chemin que l’Hermite éclaire pas celui d’autrui car il n’incarne pas le Guide mais le Chercheur, il n’est pas Maître mais Élève.

Il faut d’abord comprendre avant de vouloir donner aux autres.

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